Nais­sance d'un ac­teur cultu­rel

Tout ce qu’il faut savoir sur la CUB, la nouvelle fondation dédiée à l’architecture, l’ingénierie et l’urbanisme et le paysage, et dont l’exposition Hannes Meyer constitue l’acte inaugural.

A ce jour, la CUB représente plus de 17 institutions partenaires, plusieurs mois de travail acharné et une équipe de pilotage d’une efficacité remarquable compte tenu des enjeux et de la complexité de réunir tout ce monde autour d’un programme unique. 
Qu’est ce que la CUB et que vise-t-elle ? Nous avons mené plusieurs entretiens avec des membres du groupe de travail : Salvatore Aprea, Gaël Cochand et Cyril Veillon, très impliqués dans la mise en œuvre de l’exposition Hannes Meyer ; Eligio Novelo et Guy Nicolier, plutôt engagés dans l’élaboration des statuts et finalement, Yves Dreier et Manuel Bieler, très actifs dans l’élaboration d’une identité propre à la fondation. 
En groupe ou individuellement, ils apportent des réponses utiles à quiconque souhaite comprendre ce qui se trame à Lausanne autour de Plateforme10. 

Questions à Gaël Cochand (f’ar) et Cyril Veillon (Archizoom) sur le thème de la collaboration et des synergies au sein de ce projet entre les entités f’ar, Archizoom et EPFL.

Quelle est la nécessité d’un projet comme celui de la CUB aujourd’hui?
Gaël Cochand : « Cultiver » collectivement notre culture du bâti est la meilleure des garanties pour un développement harmonieux de notre territoire. Aujourd’hui, de plus en plus d’acteurs différents (politiques, professionnels, grand public) en ont conscience. Mais il manque cruellement d’un acteur à la fois suffisamment fort et représentatif de l’ensemble des milieux professionnels, institutionnels et associatifs, pour relever efficacement ce défi.
C’est à cette nécessité que répondra la CUB : réunir tous les acteurs concernés, au-delà des missions et des buts spécifiques poursuivis par chacun, et être une référence pour le grand public et pour l’extérieur afin de construire une culture du bâti commune de qualité.

Cyril Veillon : L’exposition d’architecture est un domaine d’activité culturelle assez récent, qui concernait surtout les architectes et les spécialistes, mais qui est en train de s’élargir à un public de non-initiés. Il faut accompagner cette évolution avec un lieu bien situé qui puisse aller à la rencontre du public. D’autant plus à Lausanne et dans le canton de Vaud, qui ont une histoire architecturale à raconter et qui sont tournés vers le futur, avec une volonté de développement architectural et urbain très marqué.
Par ailleurs, il n’y a pas en Suisse d’institution dédiée à l’architecture qui rayonne au niveau national et international. Il y a une place à prendre. La CUB doit avoir cette ambition, en profitant de l’élan du pôle muséal.

 Le f’ar et Archizoom semblent profondément engagés dans la mise en place de la CUB. Comment se positionnent-ils par rapport à un projet qui pourrait, à terme, s’avérer concurrentiel?
C.V. : Au niveau du public, la concurrence n’est pas à craindre. La CUB pourra faire venir un nouveau public. Si le travail est bien fait et si la CUB existe et trouve son public, ce sera une force pour Archizoom et le f’ar. Plus la CUB se développe, plus on aura la chance de voir émerger d’ailleurs de nouvelles galeries d’architecture à Lausanne.
Au niveau du financement par contre, la situation pourra être plus tendue car aucun lieu n’aura certainement de financement autonome ou unique. Il faudra être créatif pour trouver de l’argent.

G.C. : La CUB, de par sa vocation interrégionale voire internationale, assumera diverses missions de promotion de la culture du bâti, de manière beaucoup plus large et plus efficiente que ne peut le faire le f’ar actuellement. Le f’ar ne peut que se réjouir de la naissance d’un acteur d’une si belle légitimité, puisque soutenu par l’ensemble des associations, collectivités et institutions concernées par la culture du bâti, poursuivant des buts similaires aux siens. C’est pourquoi le f’ar fait partie des premières institutions fondatrices de la CUB.
Par contre, il est évident que l’association f’ar Lausanne va devoir évoluer, au fur et à mesure que la CUB prendra de l’ampleur. Cette question devra être discutée au sein de l’association et plusieurs scénarios doivent être envisagés, de manière très ouverte dans un premier temps. La CUB ne sera pas opérationnelle à 100 % au jour de sa fondation. Pendant une période transitoire – au cours de laquelle il s’agira de trouver des soutiens, de s’installer dans des locaux, de mettre en place la gestion culturelle et administrative de la fondation, etc. – le f’ar sera en constante collaboration avec la CUB et pourra accueillir dans ses murs des contenus ou événements organisés conjointement. C’est également pendant cette période transitoire que le f’ar amorcera sa mutation, qui devra être effective une fois la CUB installée dans ses murs.
En ce qui concerne le f’ar, la CUB ne représente donc clairement pas un acteur concurrentiel, mais un partenaire, ainsi qu’une opportunité d’évoluer et de se réinventer.

La collaboration pour l’exposition Hannes Meyer préfigure-t-elle une fusion des deux institutions, f’ar et Archizoom?
G.C. : A mon avis non, mais plutôt d’autres collaborations très intéressantes à l’avenir, en tous les cas jusqu’à ce que la CUB soit installée dans un lieu avec une programmation d’événements et d’expositions assurée annuellement. En effet, le f’ar et Archizoom sont ancrés dans des réalités différentes, que ce soit en termes de localisation ou de « public cible » : le campus universitaire, les étudiants et le monde académique pour ce qui est d’Archizoom, la ville et les professionnels pour ce qui est du f’ar. Bien sûr, ces deux mondes ne sont pas hermétiques et des collaborations – bien qu’à plus petite échelle – ont déjà eu lieu précédemment, mais ces spécificités sont réelles. Je vois personnellement beaucoup d’intérêt à multiplier les collaborations entre nos deux institutions pour renforcer les liens entre le monde académique et les professionnels.

C.V. : Cette exposition nous incite à coopérer. L’invitation de la CUB à collaborer sur ce projet nous permet de renforcer les liens qui existaient déjà entre nos institutions. Mais nous restons complémentaires, et à l’heure actuelle il n’y a ni volonté ni besoin de fusion. Nous nous sommes donnés la mission d’accompagner la CUB dans sa création avec nos spécificités propres. Lorsque la CUB sera opérationnelle, nous nous positionnerons selon les possibilités et les envies de chacun.

Questions à Salvatore Aprea, collaborateur scientifique des Acm, à l’EPFL:

Quel pourrait être le rôle des Acm dans cette fondation?
Salvatore Aprea : En principe, la mission traditionnelle des archives est de collecter, conserver et valoriser des fonds et des collections de documents. Il y a un an environ, les Acm se sont donné un objectif plus ambitieux, celui de promouvoir la connaissance de la construction, de l’architecture et de l’urbanisme moderne. C’est à cette fin qu’elles collectent, conservent et mettent en valeur les fonds d’archives des bureaux d’architectes, d’ingénieurs et ceux d’entreprises du secteur de la construction. La mission traditionnelle est ainsi devenue un outil important à partir duquel les Acm commencent un travail qui dépasse les Acm-mêmes et vise à la collaboration et aux synergies avec d’autres institutions, des musées, d’autres archives, des fondations et, dans le futur, nous l’espérons, des entreprises. Les Acm et la fondation ont des objectifs très proches et utilisent des outils différents pour les atteindre. Réunir ces outils dans un projet à long terme nous a semblé d’une importance capitale.
Les Acm représentent une source considérable de connaissances inédites sur le patrimoine bâti et, en même temps, elles offrent une expertise solide dans la recherche et l’exploitation de ces connaissances. La fondation représente pour les Acm un débouché unique sur un réseau plus vaste d’institutions et d’entreprises du secteur de la construction en Suisse romande.

La fondation a-t-elle vocation à devenir un musée d’architecture en Suisse romande?
S.A.: Tout dépend de la manière dont on imagine un musée d’architecture. Le terme musée désigne aujourd’hui une variété d’institutions publiques et privées avec des caractéristiques et des missions très variées. On est désormais loin du seul concept de musée collection du 18e siècle, bien représenté par le premier noyau du British Museum, par le Museum Fridericianum à Kassel, par le Museo Pio-Clementino à Rome ou même par le dépôt aux Petits Augustins à Paris, concept né dans une situation d’extrême nécessité de sauvegarde.
Le réseau que la fondation a créé – et qui vraisemblablement s’enrichira pour la suite – est un bon ensemble d’acteurs pour réfléchir sur un nouveau concept de musée de l’architecture ou, peut-être, sur un musée de l’art de bâtir, en valorisant l’acte de bâtir, si cher à Hannes Meyer et au groupe d’ABC.

Questions à Guy Nicollier (Pont12) et Eligio Novello (U15) sur le thème de la portée régionale, nationale et internationale de l’institution à venir, son organisation, les soutiens locaux et confédéraux.

Quelle est la nécessité d’un projet comme celui de la CUB aujourd’hui?
Guy Nicollier : Bâtir est un art. Notre région est riche de savoir-faire et de traditions dans ce domaine. Cela mérite de le faire savoir. Ingénieurs, entrepreneurs, artisans et architectes cultivent et propagent une haute qualité du bâti bien au-delà de nos frontières. Du chalet au barrage, de Le Corbusier à Sanaa, notre région rayonne de cette culture.
L’essor actuel de la planification urbaine et les nombreuses opérations immobilières en cours illustrent concrètement la dynamique économique nationale. Tant les collectivités que des acteurs privés développent quartiers, infrastructures, logements, écoles, hôpitaux et musées pour répondre aux besoins de ce nouvel élan de notre région. Or, d’une certaine manière, ces projets d’envergure manquent de visibilité. Il faut les montrer pour donner à comprendre et surtout donner envie.
Pour la première fois en 2014, le Conseil fédéral a reconnu la dimension culturelle du bâti dans son message culture 2016-2020. La CUB matérialise cette reconnaissance. Un des nombreux rôles de ce futur lieu de partage sera de donner du sens aux projets urbains en cours d’élaboration.

Quel a été le point de départ du projet?
Eligio Novello : On peut le faire remonter à 2009, quand, en tant que président de l’Inter­AssAr, j’ai écrit au f’ar pour lui suggérer la mise en place d’une structure pérenne « qui parle avec le politique, et pourquoi pas un jour directement avec le public ». L’idée était d’ancrer l’InterAssAr dans un lieu pérenne, indépendant des associations membres, et qui puisse incarner dans l’imaginaire collectif l’architecture au sens élargi. Cette proposition préfigurait maladroitement encore le besoin d’un lieu, d’une identité, d’une union des divers acteurs de l’architecture, au niveau cantonal, voire romand.

G.N. : Deux facteurs ont donné un nouvel élan à l’idée. Tout d’abord, le concours du MCBA et la question des arcades qui bordent le site. Les concurrents devaient imaginer des scénarios d’occupation. L’idée d’un lieu pour l’architecture et l’art du bâti est soudain apparue plausible. L’Observatoire Vaudois des Marchés Publics (OVMP), lancé par la SIA-Vaud dont j’assurais la présidence, pourrait aussi constituer un possible point de départ. Toutes les associations professionnelles d’ingénieurs et d’architectes ont alors été conviées. L’enthousiasme et les difficultés de ce rassemblement ont permis de mesurer le potentiel d’une mise en commun des efforts.

E.N. : Le projet a mûri sur tous les plans pour être déposé finalement en février 2015, à l’occasion d’une séance avec les services constructeurs, sur la table du conseiller d’Etat Pascal Broulis, en charge du SIPaL. A ce moment-là, le projet prend la forme d’un espace permanent ouvert au public régional et international, capable de présenter des expositions, dans un cadre culturel dynamique, diversifié, multiple, intégré à part entière dans l’offre culturelle cantonale et dans le vécu quotidien de la cité, sur le site du pôle muséal. Quelques jours avant la séance, j’avais couché sur le papier un programme calqué sur celui du f’ar, étendu à 1200 m2 de surface, doté d’une bibliothèque et d’une cafétéria ouvertes au public, et de services. Le but était de demander l’intégration de ce projet dans le cahier de programme du second concours (Mudac – Elysée), en cours d’élaboration par le SIPaL, qui sera finalement remporté par le bureau Aires Mateus. Le timing était juste parfait. Le 24 avril 2015, le groupe de concertation a confirmé l’inscription d’une ligne au programme du concours, en explicitant le caractère encore très ouvert de cette unique ligne de texte, mais en confirmant que cette ligne, représentant alors 500 m2 de surface nette, nous serait dédiée. Le projet d’espace permanent s’esquisse enfin, du moins dans nos esprits, et prendra place, si tout va bien, au sein de Plateforme10.

Comment s’organise la mise en place?
E.N. : En 2015, l’InterAssAr a convié ses associations d’architectes et d’ingénieurs membres à signer un engagement d’intention visant à fonder un espace permanent au sein du futur pôle muséal. Toutes les associations ont adhéré avec une rapidité étonnante, fournissant leur accord pour que l’InterAssAr continue le développement du projet.

Dans un second temps, les autres associations de mandataires, les associations de défense du patrimoine et du paysage, la fédération des entrepreneurs, l’EPFL, les entités de médiation et d’histoire de la construction en place ont été invitées à rejoindre ce premier cercle de fondateurs. A ce jour, l’InterAssAr et son COPIL peuvent se targuer d’avoir réuni autour du projet 16 entités actives dans le domaine du paysage et du bâti en moins d’un an ! Le Canton soutient également le projet et les instances muséales de Plateforme10 ont réagi positivement.

Quelles sont les grandes étapes déterminantes pour l’avenir du projet?
E.N. : Le projet est fortement conditionné par la temporalité du développement des musées, et plus particulièrement par la définition de sa localisation dans le vaste projet de Plateforme10. Trois étapes temporelles et organisationnelles distinctes sont prévues. Nous les avons synthétisées dans trois organigrammes distincts, correspondant aux trois temps préfigurés de la vie de la fondation Culture du Bâti. Celui qui précède la CUB, où le groupe de pilotage a mis en place les objectifs, celui de la Fondation « extra muros », que nous traversons actuellement, et celui qui lui succédera : la Fondation « intra-muros », qui prévoit notamment la dissolution du comité de pilotage, et la mise en place d’une véritable direction.

G. N. : Le premier acte de l’existence de la fondation est le vernissage de l’exposition Co-op Hannes Meyer. Première exposition émanant de la CUB, elle symbolise à plus d’un titre les interactions valorisées et voulues par celle-ci.
La CUB se réjouit ensuite de se projeter au sein de Plateforme10. Avant de pouvoir s’y installer, elle y interviendra ponctuellement par des actions concertées avec les autres institutions du lieu. Mais très concrètement, l’étape déterminante sera le financement du projet. L’exposition autour d’Hannes Meyer est le premier outil mis en place pour donner envie de soutenir ce projet.

Quels sont les soutiens, publics et privés, du projet?
E.N. : La fondation a lancé plusieurs demandes de soutien, correspondant aux cercles traditionnels de financement. Les plus importantes aides sont bien entendu celles qui émaneront des institutions culturelles, au niveau communal, cantonal, mais aussi fédéral, dans la mesure où elles confirmeront l’intérêt de ces institutions dans le projet et réaffirmeront son rôle d’outil fédérateur de tous les acteurs de la construction autour de la mission posée comme objectif par les Chambres fédérales dans le message culture 2016-2020.

Un deuxième cercle de soutiens sera constitué des membres fondateurs eux-mêmes. Les professionnels du domaine du bâti et du paysage, ceux par qui, avec qui et pour qui cette fondation vivra formeront un troisième cercle. Enfin, un dernier cercle, mais non des moindres, sera constitué par le sponsoring privé, émanant de grandes entreprises, de fondations privées, et pourquoi pas de mécènes.

A terme, que souhaiteriez-vous mettre en place?
E.N. : Un véritable outil à la fois critique, pédagogique, didactique, ouvert autant au public qu’aux professionnels, créant des passerelles et des référents communs entre les acteurs et ouvrant des horizons au-delà de notre frontière linguistique et nationale. Ces liens, qui manquent aujourd’hui entre les professionnels et le public, expliquent parfois le rejet et la méfiance à l’égard des acteurs de la construction et des grands projets. En clair, la fondation a vocation à être une passerelle aussi forte et internationale que sont les musées de Plateforme10. 

G.N. : Dès que possible, le conseil de fondation nommera un directeur à la tête des opérations. Il ou elle aura la liberté de ses actions dans le cadre des statuts de la CUB. Ce dernier souhaite financer une petite équipe dynamique qui fasse vivre la fondation hors les murs et construise son avenir sur le site de la gare.

Quels sont les écueils à éviter?
E.N. : Ne pas se décourager. Travailler à nous faire connaître. Gagner la confiance et l’intérêt du grand public. Nous devrons encore faire preuve de quelques années d’assiduité.

Questions à Yves Dreier (Dreier Frenzel) et Manuel Bieler (localarchitecture) sur le rôle culturel, la synergie avec les autres institutions de Plateforme10, l’identité visuelle de l’institution.

Le terme même de « culture du bâti » invoque-t-il un changement de paradigme, faisant glisser l’ingénierie, l’architecture et l’urbanisme du domaine de la science à celui de la culture?
Yves Dreier et Manuel Bieler : L’architecture et l’urbanisme ont-ils jamais fait partie du domaine de la science ? Ne parle-t-on pas d’ouvrage d’art pour un pont ou un tunnel, constructions emblématiques de l’ingénieur ? L’évolution du savoir-faire de nos artisans n’est-elle pas un marqueur temporel ? La science ne fait-elle pas simplement partie du domaine de la culture ? Au-delà des jeux sémantiques et du cloisonnement des concepts, le terme de « culture du bâti » évoque plus un glissement des champs d’investigation de ces disciplines de leur sphère professionnelle, parfois élitiste, vers le grand public. Cette ouverture accompagne une appropriation par la cité des enjeux liés à son développement. Démarches participatives, co-développement, partenariat, vie de quartier, toute une palette de nouvelles démarches qu’investissent les habitants et qui questionnent les pratiques des planificateurs.

La CUB a pour ambition d’ouvrir et de partager les enjeux de la « culture du bâti » avec le public et de participer à la diffusion des enjeux des domaines qui la constituent. A ce titre, elle se veut rassembleuse et transdisciplinaire, prônant une culture plus large que le champ d’application cloisonné de chaque profession. La genèse de la CUB n’annonce pas un changement de paradigme, mais démontre plutôt la maturité de l’ensemble des acteurs de la construction à considérer l’art de bâtir comme un élément culturel reflétant notre époque et notre société.

Comment la CUB se positionnera-t-elle par rapport aux autres institutions de Plateforme10 ?
Y.D. et M.B. : Il n’appartient pas à la fondation de répondre seule à cette question. L’exposition Hannes  Meyer nous rappelle que le Bauhaus a œuvré à créer des passerelles entre les arts et à partager leurs problématiques. Les beaux-arts, l’architecture, le design ou la photographie faisaient naturellement partie des disciplines enseignées en parallèle et dont la perméabilité était évidente. Rejoindre les institutions déjà présentes sur le site nous apparaît comme une opportunité naturelle de prolonger ces échanges. Le regroupement des disciplines sur un même site laisse envisager des synergies et des échanges entre les domaines. Plus qu’une problématique de positionnement avec d’autres institutions, c’est la complémentarité de chacune qui s’avère intéressante à présenter au public. Notre arrivée sur la Plateforme10 marque la reconnaissance de l’art de bâtir en tant que culture. Il s’agira de mettre en avant le potentiel intégratif et social de cette culture du bâti.

Quels sont les scénarios les plus probables quant à la localisation sur le site de la gare?
Y.D. et M.B.: Après concertation avec le Canton de Vaud et les différents intervenants sur le site de la gare, une surface de 500 m2 était inscrite, sans être clairement définie, dans le programme du concours pour le musée de l’Elysée et le Mudac. Le projet lauréat ayant intégré cette surface dans la faille formant le vaste hall d’entrée, d’autres variantes de localisation ont été évoquées sur le site. A ce jour, une proposition de réaffectation du poste de contrôle des CFF, dont l’activité est en cours de relocalisation à la gare de Renens dans le cadre du projet « Léman 2030 », suscite l’enthousiasme des acteurs qui accompagnent le développement de la fondation. Cette proposition doit bien entendu encore être étudiée, mais nous avons bon espoir que cet enthousiasme sera partagé par tous les intervenants œuvrant autour de Plateforme10. Le potentiel de mutation de cet objet marquant à proximité de la gare est aujourd’hui peu valorisé, mais serait assurément une belle vitrine du savoir-faire de l’ensemble de la profession.

Y.D. et M.B.: Où en êtes-vous concernant l’identité visuelle de la fondation?
Notre identité visuelle a été développée en parallèle de la constitution de la fondation et de la mise sur pied de sa première exposition. N’ayant aujourd’hui pas encore de lieu pérenne, notre identité visuelle, un acronyme sous forme de logo, prend une valeur particulière. Encore méconnue à ce jour, la fondation va progressivement faire sa place par ses actions et ses propos. Notre identité visuelle annonce notre ambition à parler de culture du bâti en démontrant la démultiplication des interactions et des implications que génère le fait de penser, de planifier et de construire notre environnement bâti.

Propos recueillis par Christophe Catsaros

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