La culture du bâti, pa­tri­moine d’ave­nir

La culture du bâti est souvent réduite à l’architecture ou à la préservation du patrimoine. Il s’agit pourtant d’un levier indispensable à un aménagement durable du cadre de vie, comme l’a démontré le débat mené autour du prochain plan d’action de la stratégie fédérale en faveur de la culture du bâti.

Date de publication
27-10-2022

Comment voulons-nous vivre? Faut-il sacrifier la biodiversité sur l’autel de la crise énergétique? Créer des logements sur des terres fertiles? Ces questions étaient au cœur du débat sur le prochain plan d’action Culture du bâti, qui s'est tenu le 21 septembre dernier à Berne à l'initiative de l’Office fédéral de la culture (OFC). La SIA a clairement fait valoir ses attentes: la réponse aux défis que posent le changement climatique ou encore l’épuisement de nos ressources passera par des politiques cohérentes et intersectorielles. Ce qui suppose une approche intégrée, fondée sur une compréhension holistique de la culture du bâti.

Au niveau international, les jalons ont déjà été posés, notamment grâce à la Déclaration de Davos ratifiée dans la foulée d’une conférence des ministres européens de la culture ainsi qu’au Système Davos de qualité pour la culture du bâti qui en découle. Ce système définit huit critères interconnectés - gouvernance, fonctionnalité, environnement, économie, diversité, contexte, esprit du lieu et beauté - et associe des paramètres sociaux, culturels et émotionnels à des données techniques, écologiques et économiques plus facilement quantifiables.

La SIA vigilante

La SIA et la Table ronde Culture du bâti suisse ont fait bouger les lignes vers cette compréhension multifactorielle de la culture du bâti au niveau national. En effet, depuis 2020, la Suisse dispose pour la première fois d’une Stratégie interdépartementale d’encouragement de la culture du bâti menée sous l’égide de l’OFC. Cette stratégie définit sept objectifs dont la mise en œuvre est détaillée dans 41 mesures concrètes inscrites dans le plan d’action 2020-2023.

Pas moins que 15 services fédéraux se sont ralliés à ce plan, marquant par là un engagement clair en faveur de la culture du bâti. C’est sans conteste un pas dans la bonne direction - avec un bémol toutefois, puisque la majorité des mesures reste limitée à un secteur précis. Seules quatre mesures sont transversales, dont l’inscription de la culture du bâti dans le droit fédéral, qui constitue un levier essentiel. À l’origine, le Conseil fédéral avait prévu, dans le cadre du contre-projet indirect relatif à l’Initiative biodiversité, d’ancrer la culture du bâti dans la loi sur la protection de la nature et du paysage (LPN). Le Conseil national y avait apposé son véto, préférant voir cette proposition mise en œuvre à l’occasion du prochain Message culture - une promesse dont la SIA exigera la tenue lorsque le parlement statuera sur la question dans deux ans.

Pour une action concertée

Le plan d’action sera renouvelé pour la période législative 2024-2027. Il appartiendra alors aux services fédéraux impliqués de ranimer le dynamisme de la première Stratégie Culture du bâti. Il est indispensable de faire front commun pour affronter efficacement des enjeux majeurs tels que la protection du climat et l’adaptation aux changements climatiques, c’est pourquoi une approche interdépartementale est requise. En parallèle, les politiques sectorielles doivent être davantage axées sur une compréhension holistique de la culture du bâti, c’est-à-dire tenant compte de ses différents aspects.

Les concilier est une véritable tâche d’équilibriste qui revient au groupe de travail interdépartemental: à lui de trouver des réponses. Comment conjuguer énergies renouvelables et défense de la biodiversité? Comment satisfaire les besoins en logement sans favoriser l’étalement urbain? Partant du postulat qu’à la notion d’espace s’attache une réalité multidimensionnelle, se posent aussi des questions telles que: comment le numérique peut-il contribuer positivement au développement des espaces physiques? Comment concrétiser le principe de ville éponge en reliant les couches de surface et les couches souterraines?

Si elle veut mettre en œuvre des solutions intégrées, la Confédération devra emporter l’adhésion des cantons, villes et communes et promouvoir, à ces différents échelons, des stratégies pour l’établissement d’une culture du bâti de qualité. Au niveau international également, cet engagement ne doit pas être relâché. Il est donc réjouissant que la Confédération ait à nouveau organisé une conférence des ministres à Davos lors du week-end d’ouverture du Forum économique mondial (WEF) 2023. Intitulé «Common good, shared responsibility» (bien commun, responsabilité partagée), l’événement visera à améliorer la collaboration entre secteur public, société civile et acteurs privés, notamment dans le domaine des finances, de l’immobilier et de la construction. Ne l’oublions pas, l’aménagement durable de notre cadre de vie exige les efforts de tous.

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