BIM: ac­ti­vi­tés de nor­ma­li­sa­tion au ni­veau eu­ro­péen

Le comité technique CEN/TC 442 BIM a été créé en 2015 par le Comité européen de normalisation (CEN) en collaboration avec la Suisse. Ses activités se répercuteront sur nos normes nationales relatives au BIM.

Date de publication
04-01-2017
Revision
04-01-2017

Dans le domaine du BIM, aucune norme ISO n’a jusqu’ici eu d’impact direct sur la culture de la conception et de la construction suisse, mis à part l’ISO 16739 qui définit le format d’échange de données standard IFC. La Suisse n’est effectivement pas tenue de reprendre les normes ISO. Par ailleurs, les normes disponibles ne sont pas encore abouties, et nécessitent de ce fait des travaux supplémentaires avant de pouvoir servir aux concepteurs et exécutants.

Amélioration de l’interopérabilité


A l’inverse, les normes européennes s’appliquent en Suisse et sont adoptées par l’Association suisse de normalisation (SNV) et la SIA. Au sein du CEN, le comité technique CEN/TC 442 BIM est chargé des questions liées au BIM. Les travaux portent prioritairement sur l’amélioration de la coopération et donc de l’échange des maquettes numériques. L’expérience a en effet montré que l’interopérabilité, c’est-à-dire la capacité à assurer une collaboration fluide, reste pour l’heure limitée. En tant que processus complexe, l’échange de données doit reposer sur des règles.

Une interopérabilité efficace s’articule autour de trois axes :

  • des modes de stockage et d’échange des modèles de données standardisés et leur implémentation dans les logiciels ;
  • une compréhension commune des termes employés et de la structure des données sémantiques ;
  • des spécifications harmonisées pour l’envoi d’informations, afin d’assurer une transmission correcte.

Sur cette base, une stratégie en deux volets a été élaborée :

  1. reprendre les normes ISO existantes traitant du BIM ;
  2. développer des activités propres en matière d’échange d’informations (Exchange Information), de spécifications et de processus pour l’envoi de données (Information Delivery Specification), ainsi que de dictionnaires de données (Data Dictionary).

La norme IFC, déjà utilisée aujourd’hui pour l’échange de données, sera complétée et étoffée pour inclure les bâtiments industriels et les ouvrages infrastructurels. L’objectif est non seulement d’en élargir la portée, mais aussi de proposer des outils d’aide à l’application. La richesse de ce modèle offre de nombreuses possibilités, mais peut également compliquer la tâche des concepteurs. Pour pallier cet inconvénient, des informations standardisées sous forme de Delivery Manuals (IDM) et de Model View Definitions (MVD) seront fournies en adéquation avec les différentes phases de conception, de construction et d’exploitation. Chaque processus d’échange de données sera ainsi uniformisé et les exigences correspondantes définies. A l’avenir, les activités proprement dites (p. ex. calcul des coûts ou soumission) et les étapes de modélisation (Stages) passeront au premier plan, au détriment des phases spécifiées par la SIA dans sa norme 112 Modèle Etude et conduite de projet, ce qui se répercutera sur les prestations et les contrats des concepteurs.

Un cadre pour les dictionnaires de données


Un cadre européen pour les dictionnaires de données doit permettre de créer des serveurs de propriétés mettant des descriptifs standardisés à la disposition des utilisateurs. Prenons l’exemple de la résistance au feu : à l’heure actuelle, aucune réglementation ne stipule clairement la manière de décrire cette propriété, à savoir EI_30 ou EI30. Ce qui ne nous pose aucune difficulté rend la tâche impossible à un ordinateur. L’échange automatisé de ce type d’informations suppose que le mode de description utilisé ait préalablement été convenu entre les partenaires.

Renforcement du principe de l’Open BIM


Le premier résultat concret a été l’adoption, mi-octobre, du modèle d’échange de données ISO 16739 (Industry Foundation Classes) dans son intégralité en tant que norme CEN. La Suisse fera de même à l’échelle nationale en 2017. Ce format standard ouvert et international contribuera à promouvoir l’Open BIM. En adoptant l’IFC, la Suisse se dote non seulement d’un système de classification orienté objet, mais également des attributs et règles de mesure y afférents.
La SIA a constitué une commission d’accompagnement (CH-BK 442) chargée d’épauler le comité technique CEN/TC 442 BIM et la délégation suisse dans leurs activités.

Prof. Manfred Huber, arch. dipl. EPF SIA, MAS VDC FHNW, président de la commission SIA 2051 BIM et de la CH-BK 442, responsable du centre de compétence «Conception et construction numérique» de la haute école FHNW

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