Une so­lu­ti­on élé­gan­te, mais un ang­le mort

L’angle, c’est par définition le moment où l’architecture se met au service de la ville. Au croisement de deux rues, le bâtiment réagit, se plie, s’élève ou se tord, propose une forme, une expression. On aurait pu croire que c’est cette noble question qui a poussé à l’organisation d’un concours. Ses résultats nous indiquent le contraire. La forme de la pièce C a été déterminée lors d’un MEP et les volumes les plus intéressants ont été distribués en mandat direct (lire TRACÉS n° 1-2/2019). Il n’en restait pour ainsi dire plus que les mor­ceaux ingrats, les deux immeubles de la Société Immobilière Lausannoise pour le Logement, aux volumétries particulièrement difficiles à résoudre : une petite barre orientée est-ouest dans un coin (lot D1 – logements subventionnés), et un immeuble d’angle dans l’autre, à la géométrie bien contraignante (lot D2 – logements en PPE). Il semble que c’est pour résoudre ce genre de problème que l’on finit par organiser un concours d’architecture ouvert – le second et le dernier de l’ensemble du PPA1 de l’écoquartier des Plaines-du-Loup.

La typo contre la morpho? Dans ce contexte, les concurrents ont du se concentrer sur l’optimisation des logements. Les concours ouverts se faisant rares, il faut relever que celui-ci a généré, une fois de plus, de véritables solutions élégantes – comme disent les mathé­maticiens et les joueurs d’échecs – dont le maître d’ouvrage saura certainement tirer un immense bénéfice.

Le projet lauréat du lot D1 est une fine mécanique : la typologie traversante, aussi économique que flexible, permettra aux habitants de permuter séjour et chambre à coucher, choisir ainsi l’orientation de leur logement, sur cour ou sur rue. Beaucoup de concurrents ont tenté de dompter l’angle du lot D2 par l’originalité ou l’audace typologique. Comme le règlement interdisait de remplir la parcelle avec le gabarit maximal, il fallait bien retirer du volume quelque part : certains proposaient un retrait, des terrasses collectives ou des cages d’escaliers surdimensionnées. Les lauréats ont vu juste : dans le cas d’une PPE, c’est dans l’espace privé du logement qu’on peut offrir ce gain. Ils proposent une double hauteur dans chaque séjour, magnifiant ainsi les appartements, dont les plans sont relativement sages. Tant pis pour l’angle, tant mieux pour les futurs ­propriétaires.

Information projet

 

1^er rang, 1^er prix, lot D1 – logements subventionnés: Butikofer De Oliveira Vernay, Lausanne

1^er rang, 1^er prix, lot D2 – logements en PPE: Costea Missonnier Architectes, Lausanne

Maître de l’ouvrage : Société Immobilière Lausannoise pour le Logement SA

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