As­so­cia­ti­on «In­gé­nieurs sans fron­tiè­res»: les con­s­truc­tions per­ti­nen­tes sont un puis­sant ou­til

Leur volonté est de soutenir les personnes dans leur projet de construction et d’améliorer ainsi durablement les conditions de vie de ces dernières : quelles sont les motivations des «Ingénieurs sans frontières» et quelles sont leurs réalisations ?

Publikationsdatum
13-07-2017
Revision
09-09-2017

Argentine, juillet 2013 : au bout de trois jours de voyage à travers la pampa argentine, un groupe de 14 étudiants atteignait, au soir du 21 juillet, Colonia Dora, une localité de la province de Santiago del Estero située au nord de l’Argentine. Les ingénieurs civils, l’ingénieure en développement territorial et l’étudiant en médecine avaient fait le voyage dans le but d’améliorer l’alimentation en eau potable de la région. Impossible en effet pour les quelque 500 autochtones de boire l’eau de la nappe phréatique en raison d’une contamination naturelle à l’arsenic. Le précieux liquide était par conséquent acheminé par camions-citernes. Un pont s’étant effondré sur le parcours, l’approvisionnement ne se faisait plus qu’en moto ou au moyen d’ânes, sur une passerelle piétonnière de fortune. Le groupe d’ingénieurs civils – qui se connaissaient depuis leurs études de master – avait prévu de construire deux ponts en béton armé pour faciliter le retour à la normale de l’alimentation en eau, et ce faisant, de la vie des habitants.

La nécessaire implication des habitants


Projet réussi: le pont a été inauguré le 29 mars 2014. « Nous avons énormément appris », affirment Eric Carrera et Reto Weishaupt, qui avaient répondu présents lors de sa construction en Argentine et qui sont aujourd’hui membres du comité d’Ingénieurs sans frontières. Les leçons principales qu’ils en ont tirées sont que «la commune concernée doit assumer la responsabilité de l’ouvrage», mais aussi que «les constructions pertinentes sont un puissant outil. Bâtir peut sensiblement améliorer la vie de personnes dont la voix, comme celle des habitants de Colonia Dora, n’est pas entendue», explique Eric Carrera.
C’est bien le sens de la démarche de cette association fondée en 2008: «Nous souhaitons les aider à améliorer durablement leurs conditions de vie. Ce qui prime pour nous, c’est le transfert réciproque de savoir-faire. Il s’inscrit avant tout dans l’optique d’une maintenance adaptée et, ce faisant, d’une utilisation durable des projets réalisés. Seules l’application et l’optimisation des méthodes et des techniques disponibles localement permettent d’obtenir l’implication de la population.» Les deux ingénieurs sont persuadés que la motivation et l’engagement des habitants sont la clé de la réussite. Et avoir un projet permet à ces derniers de s’affranchir de l’aide de la Suisse.

Une approche ciblée des sociétés


Pour les deux ingénieurs civils, il est très enrichissant de devoir, sur place, mettre en œuvre des approches qui sortent souvent des sentiers battus: «En Suisse, notre activité porte fréquemment sur des projets de luxe», précise Eric Carrera, aujourd’hui coordinateur de projets au comité d’Ingénieurs sans frontières. «Avec Ingénieurs sans frontières, nous pouvons créer quelque chose qui vaille durablement la peine.» Trésorier au sein du comité, Reto Weishaupt explique ainsi sa motivation à consacrer une bonne partie de ses loisirs et de ses vacances aux projets de l’association.
«Les projets viennent à nous», précise-t-il. Après une analyse minutieuse et une éventuelle étude préliminaire, le comité décide de l’exécution ou non d’un projet. Quatre programmes sont aujourd’hui en cours. Comment sont-ils financés? «Nous ciblons des sociétés du bâtiment pour des projets concrets. Il s’agit souvent d’entreprises où travaille une personne de notre connaissance», explique Reto Weishaupt. S’ajoutent à cela des dons et les cotisations des membres ainsi que le travail du comité à titre bénévole. «Nous n’élaborons pas de purs projets de financement», soulignent-ils tous les deux.
Les projets actuels de l’association ne sauraient être plus différents les uns des autres : cette année, une maison communautaire pour veuves de guerre verra le jour en Bosnie. Pour la première fois, les ingénieurs ont collaboré avec des architectes. Ils font maintenant route ensemble vers la Bosnie, avec, dans leurs bagages, ce projet de maison conçu en Suisse.

Enregistrement possible pour tous dans le pool professionnel


«Nous sommes malheureusement trop focalisés sur Zurich», affirment Reto Weishaupt et Eric Carrera. C’est pourquoi ils ont organisé des séminaires déjeuners à l’EPFL et à la Haute école spécialisée de Lucerne. Ils préfèreraient compter aussi dans leurs rangs davantage de «professionnels confirmés» insérés dans la vie active. La plupart des membres qui s’investissent sont soit des étudiants soit des jeunes professionnels. «L’expérience nous intéresse», expliquent-ils. Aussi se sont-ils adressés au groupe professionnel Génie civil de la SIA afin de créer un pool auquel peuvent s’inscrire les personnes intéressées.
«Nous aimerions que des employeurs libèrent leurs collaborateurs pour le travail de projets auprès d’Ingénieurs sans frontières», estiment les deux ingénieurs. Ils sont en effet convaincus que leurs projets sont bien plus instructifs que les séminaires de formation, en termes de flexibilité, d’application pratique des connaissances techniques et, avant tout, de compétence sociale.

Barbara Ehrensperger, rédactrice au sein de l’équipe de communication de la SIA ; barbara.ehrensperger [at] sia.ch (barbara[dot]ehrensperger[at]sia[dot]ch)

 

 

Informations

Ingénieurs sans frontières Suisse (IngOG+) est une association à but non lucratif active dans le domaine de la coopération technique. Elle compte près de 100 membres. Pour s’y engager, il suffit de s’inscrire directement aux projets annoncés en ligne http ://ingog.ch/de/aktive-mitarbeit/aktuelle-moeglichkeiten ou de s’enregistrer dans le pool professionnel : http://ingog.ch/de/aktive-mitarbeit/registrierung-fachpool.
Pour adhérer à l’association, suivre le lien suivant : http://ingog.ch/de/mitglied-werden