L’en­seig­ne­ment de la sau­ve­garde à l’école de Ge­nève

Présentation du numéro 02/2021

Date de publication
14-01-2021

À partir des années 1980, à une période où la production architecturale est large­ment dominée par la construction neuve, les réalisations des architectes du mouvement moderne commencent à ­montrer de sérieux signes de vieillissement. Rares sont alors les bâtiments modernes à bénéficier d’une protection patrimoniale. Pourtant, la question de leur conservation et de leur transformation se pose autant d’un point de vue des savoir-faire technique et constructif que de l’histoire de l’architecture.

La villa de Mandrot, réalisée par Le Corbu­sier en 1930 dans le Var (France), constitue un cas d’étude idéal : une œuvre emblématique de la modernité, mal entretenue et dans un mauvais état de conservation. En 1987, des étudiants de l’École d’architecture de l’Université de Genève (EAUG) accompagnés par l’enseignant Bruno Reichlin et le Centre d’étude technique pour l’amélioration de l’habitat (CETAH), travaillent sur le projet de restauration de la maison. Architectes, historiens, ingénieurs, spécialistes en thermique et en techniques constructives travaillent alors de concert. Bien qu’elle n’ait pu aboutir, cette expérience jette les bases d’une discipline enseignée des années plus tard : la sauvegarde de l’architecture du 20e siècle.

À partir de 1994, et pour la première fois en Europe, l’Institut d’architecture de l’Université de Genève (IAUG) forme des architectes spécialisés dans la sauvegarde de l’architecture récente, autant ses objets remarquables que sa production courante. Cet enseignement articulé autour du projet de sauvegarde, pluridisciplinaire, conjuguant culture technique et historique ne durera qu’une décennie. Mais, dès sa disparition, il essaimera dans plusieurs écoles d’architecture en Suisse et ailleurs et marquera de son empreinte la ville de Genève.

Ce dossier a un double objectif. Il propose d’abord de revenir sur la genèse de cet enseignement et d’en reconstituer les filiations. Ensuite, à un moment où construire dans le construit est en passe de ­devenir l’ordinaire de la profession, il tente de mettre en lumière quelques pistes de réflexions pour une architecture envisagée comme l’art de transformer le déjà-là.