«La SIA de 2032 fera avan­cer les choses pour une culture du bâti exi­geante»

Alain Oulevey et Urs Rieder, les deux nouveaux vice-présidents de la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA), font le point sur leurs 100 premiers jours dans leurs fonctions et esquissent les contours de leur mission.

Date de publication
29-09-2022

Alain Oulevey et Urs Rieder, le 25 juin 2022, le Comité de la SIA vous nommait vice-présidents. Comment avez-vous vécu vos débuts?
Urs Rieder: Pour ma part, c’est comme si j’avais été vice-président depuis deux ans déjà, alors que cela ne fait qu’un peu plus de trois mois! Depuis le début de l’année, nous siégeons au sein du comité directeur. Dans ce cadre, nous abordons des sujets cruciaux avec le président et la direction et avons peu à peu repris les travaux de nos prédécesseurs. À l’occasion de la séance constitutive du nouveau Comité, nous nous sommes concrètement mis à l’ouvrage, non sans enthousiasme d’ailleurs!

Alain Oulevey: Nous avons eu le plaisir d’accueillir quatre nouveaux collègues au Comité, ce un an après l’entrée en fonction de trois autres nouveaux membres — dont le président Peter Dransfeld et moi-même. C’est à la fois une belle opportunité et un défi. Ces changements vont s’accompagner d’évolutions importantes pour la Société, car il s’agit maintenant de mettre en œuvre la nouvelle stratégie associative — une tâche qui se situe en haut de la liste de nos priorités.

Urs Rieder, en prenant la tête du conseil d’experts Énergie, vous avez accepté un autre poste exigeant…
Urs Rieder: Certes, je porte maintenant trois casquettes puisque je suis également trésorier, mais je ne pouvais pas passer à côté de cet engagement. En effet, l’énergie est un sujet prioritaire, tant au niveau politique que pour notre secteur d’activité. Les labels énergétiques doivent être améliorés, par exemple. Et nous devons contribuer à concrétiser l’économie circulaire. Pour ce qui est de l’exploitation et de l’énergie grise, nous sommes en bonne voie. Dans le domaine du recyclage en revanche, il y a encore du pain sur la planche. Au vu de son expertise en la matière, la SIA a le pouvoir et le devoir de consolider son leadership et de montrer la voie vers plus de sobriété et de durabilité dans la construction.

Pour ce faire, il faut que la collection de normes intègre davantage les principes de l’économie circulaire. Une tâche qui incombe à la Commission centrale des normes (ZN) à laquelle vous appartenez, Monsieur Oulevey.
Alain Oulevey: Absolument. Je suis actif au sein de la ZN et je représente la SIA auprès de l’Association suisse de normalisation (SNV). Le concept de l’économie circulaire sera au programme des prochaines révisions, le but étant de le voir appliqué sur le terrain. Le sujet est actuellement abordé dans la sphère publique — par exemple dans le canton de Zurich en lien avec le projet soumis à la votation du 25 septembre ou dans le canton de Vaud dans le cadre de certaines interventions parlementaires. Cela enrichit nos discussions en interne et permet à la SIA de faire valoir son expertise.

En avril, l’Assemblée des délégués a appelé de ses vœux la création d’un nouveau conseil d’experts pour l’aménagement du territoire. Alors que le parlement examine la deuxième révision partielle de la loi sur l’aménagement du territoire, on peut dire que le sujet est pour le moins à l’ordre du jour. Où en sont les travaux du Comité en la matière?
Urs Rieder: L’aménagement du territoire est un thème prioritaire pour nos quatre groupes professionnels. Il est prévu que Barbara Wittmer prenne la tête du futur conseil d’experts, dont elle assurera la mise en place. Cet organe mènera ses activités en lien constant avec le Comité puisque ce sujet nous concerne tous.

Alain Oulevey: Le conseil d’experts Passation des marchés — dont Federico Ferrario assure depuis peu la présidence — travaille également sur des sujets qui revêtent une grande actualité. Il contribuera à faire avancer les projets importants que sont l’attribution des marchés et la révision des RPH avec notre collègue du Comité Marco Waldhauser.

Urs Rieder: Le conseil d’experts Transformation numérique présidé par Birgitta Schock se consacre aussi à l’un de nos six thèmes prioritaires. Les conseils d’experts font progresser la réflexion sur ces thèmes et conseillent le Comité de même que le Bureau, qui — je dois le souligner — nous épaule très efficacement.

Il est désormais d’usage que deux membres du Comité siègent au sein des principaux organes et associations partenaires de la SIA. Pour quelle raison?
Urs Rieder: En renforçant notre représentation au sein de ces organes, nous renforçons également notre influence sur les discussions qui s’y tiennent, et par extension sur les décisions qui y sont prises. Dans le même temps, cela nous permet de créer des liens — dans les deux sens — et de valoriser le travail qui y est fourni.

Alain Oulevey: À côté des commissions centrales, conseils d’experts et organisations partenaires, les sections jouent un rôle essentiel à la SIA. Ensemble, nous formons la SIA. Les sections sont les ports d’attache de ses quelque 16 000 membres et constituent les plateformes qui relaient leur engagement au niveau national. Il nous faut entretenir cette collaboration verticale, créer de bonnes conditions-cadres et assurer une accessibilité directe du Comité, sachant que pour certains membres Zurich — et donc le Bureau — n’est pas la porte à côté.

Revenons-en à vous: quelles résolutions avez-vous prises pour votre première année en tant que vice-présidents ?
Urs Rieder: Le travail en coulisses n’est pas moins important et stimulant. En tant que vice-présidents, nous jouons un rôle clé auprès du président, dont nous sommes les sparring partners. Nous sommes là pour le soutenir, et nous sommes à ses côtés pour préparer les réunions du Comité avec la direction. La définition de l’agenda des discussions en fait partie. Au-delà des thèmes prioritaires, nous réfléchissons aux enjeux que nous souhaitons mettre à l’ordre du jour, par exemple dans le cadre du Forum avec les délégués.

Alain Oulevey: En principe, nous veillons à ce que le Comité fasse le point sur chacun des six thèmes prioritaires au minimum une fois par an. Nous sommes plus impliqués qu’auparavant, ce qui est un véritable moteur pour moi. C’est une tâche passionnante qui exige une certaine organisation — que ce soit sur le plan professionnel ou familial —, puisque la charge de travail équivaut à un taux d’occupation de 20 %. Mais cela en vaut largement la peine.

Vos prédécesseurs Adrian Altenburger et Daniel Meyer ont occupé le poste de vice-président pendant une dizaine d’années. Imaginons que vous restiez aussi longtemps. Où en sera la SIA lorsque vous vous retirerez en 2032 ?
Urs Rieder: En raison de la limitation des mandats à douze ans, je ne pourrai rester au Comité que trois ans de plus. Je suis convaincu que la SIA aura su maintenir le rôle important qui est le sien en tant que représentante de la branche des études. J’espère en outre que le secteur de la construction accordera plus de poids à la durabilité. Que construisons-nous ? Comment ? Notre cadre de vie est-il aménagé durablement ? Contribuera-t-il longtemps à l’épanouissement des usagers ? Autant de questions que nous devons nous poser.

Alain Oulevey: Il me reste davantage de temps de mandat, mais sur le reste je rejoins totalement les propos d’Urs Rieder. Je vois la SIA de 2032 comme une organisation agile qui fonctionne en réseau — une association qui fait avancer les choses pour une culture du bâti qui allie qualité et durabilité.

Alain Oulevey est vice-président de la SIA depuis juin 2022. Ingénieur civil à la tête d’un bureau à Ecublens, Alain Oulevey a été élu au Comité en 2021. Il siège également à la Commission centrale des normes (ZN) et a été président de la section Vaud entre 2014 et 2016.

 

Urs Rieder est vice-président de la SIA depuis juin 2022 et siège au Comité depuis 2013. L’ingénieur en techniques du bâtiment est trésorier de la Société et préside le conseil d’experts Énergie. Il détient une chaire à la Haute école de Lucerne et dirige un projet de construction et extension du campus Horw.

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