La pro­tec­tion in­cen­die, une nou­velle for­ma­tion pen­sée pour les ar­chi­tectes

Dans toute opération architecturale, les risques en matière d’incendie ont toujours constitué l’un des défis majeurs des architectes. Toutefois, le manque de formation est palpable. Dans les écoles d’architecture, cet aléa du bâtiment est dans la plupart des cas un domaine peu connu voir même totalement ignoré. Une anomalie académique surprenante, car selon la réglementation suisse en vigueur -AEAI-, le responsable juridique de la mise en œuvre des prescriptions et des mesures de protection incendie reste dans la majorité des cas, l’architecte.

Pour combler cette lacune, la Haute école spécialisée bernoise (BFH) a tout récemment intégré à son plan d’études, une nouvelle formation continue -CAS- en protection incendie. Instruit sur une durée de six mois, ce cours est principalement orienté pour un public de formation architecte ou à tout agent du bâtiment à même de suivre et vérifier les phases d’exécution d’un projet. Car même si depuis 2015, la norme s’est en quelque sorte assouplie sur plusieurs aspects techniques tels que le désenfumage, l’évacuation des personnes ou la protection des systèmes porteurs, elle est devenue plus pointue en termes de responsabilité. Notamment à travers l’assurance qualité qui n’existait pas précédemment et est aujourd’hui, une obligation juridique supplémentaire pour les concepteurs d’un ouvrage.

Pour Olivier Burnier, co-directeur du CAS et responsable du concept incendie de la Fête des Vignerons 2019 : «le but du cours n’est pas de former des experts mais de sensibiliser les architectes aux aspects pratiques et théoriques les plus courants en matière de protection Incendie. Nous abordons toutes les phases de conception d’un projet car une planification en amont des principales contraintes s’avère déterminante pour la mise en œuvre de mesures proportionnelles et adéquates». Du concours d’architecture à l’élaboration du projet, jusqu’aux appels d’offres et détails d’exécution, tout le processus est pris en compte. Ce qui pour certaines œuvres d’envergure, comme pour le «colisée éphémère» de Vevey, peut générer des économies importantes lors des phases d’exécution. Car comme le souligne l’expert : «quand il s’agit de protéger les personnes, le détail de montage prime sur l’esthétique».

Quant aux étudiants que nous avons rencontrés, architectes mais aussi quelques ingénieurs, le retour sur investissement est largement justifié. Quelques mois d’étude leurs suffisent pour enrichir leurs dialogues avec les experts lors de l’élaboration d’un projet et conférer une grande sécurité à leur concept architectural. D’autres s’aventurent même à poursuivre cette formation avec l’obtention du brevet fédéral. Car avec les nouvelles directives et notamment la différentiation entre «spécialistes» et «experts», ces derniers sont aujourd’hui des perles rares que le marché de l’emploi s’arrache.

Quelle que soit la finalité de cette formation, chacun y trouvera ses objectifs professionnels. Ce qui est certain, c’est que plus il y aura de personnes formées en la matière, plus la sécurité des constructions sera de qualité. Et dans un pays où quelques 7000 sinistres incendie sont déclarés par année, garantir la sécurité d’un bâtiment c’est avant tout, assurer l’habitabilité des utilisateurs mais surtout défendre ce qu’il y a de plus précieux dans toute œuvre d’architecture ou d’ingénierie : la vie de ses usagers.

CAS – Protection incendie pour architectes

Informations

CAS - Protection incendie pour architectes

Prochaine édition

• Février - juillet 2020 (Inscriptions prioritaires jusqu’au 30 septembre 2019)

Responsables

• Olivier Burnier, Ingénieur HES – UTS. Expert en protection incendie avec diplôme fédéral. Co-directeur du CAS en protection incendie à la Haute école spécialisée bernoise. Il est l’expert à la tête du concept de protection incendie de la fête des Vignerons 2019.
• Stéphane Willemin, ingénieur bois et co-directeur du CAS à la Haute école spécialisée bernoise : Architecture, bois et génie civil.

À propos de la Fête des Vignerons

Organisé cinq fois par siècle -tous les 20 ans- la Fête des Vignerons rend hommage à l’identité du monde viticole et plus particulièrement à la Confrérie des Vignerons-Tâcherons. Organisée depuis 1797, cette fête intergénérationnelle est la première tradition vivante de suisse à figurer depuis 2016 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité adopté par l’UNESCO. L’enceinte, construite historiquement sur la place du marché de Vevey, peut accueillir 20'000 personnes assises par représentation et plus de 400'000 sur toute la durée de l’événement.

• À découvrir jusqu’au 11 août 2019 à la place du Marché de Vevey