Ana­lyse des ré­sul­tats de l’ini­tia­tive «Da­van­tage de lo­ge­ments abor­dables»

Le 9 février 2020 avait lieu la votation sur l’initiative populaire «Davantage de logements abordables». L’objet a été rejeté par 57 % des votants, mais il a recueilli une majorité de voix en Suisse romande. L’Office fédéral du logement (OFL) a demandé une analyse du scrutin, dont les résultats ont été publiés aujourd’hui. Ils mettent en évidence les facteurs d’acceptation et de rejet de l’initiative et fournissent également des informations sur la perception que les électeurs ont de la politique suisse du logement.

Date de publication
06-07-2020

Les femmes et les jeunes adultes ont davantage soutenu l'initiative que les hommes et les personnes âgées. Mais c'est l'orientation politique des votants qui a été l'élément décisif lors de la votation du 9 février 2020, puisque près de neuf votants sur dix se situant à la gauche de l'échiquier politique ont voté pour l'initiative.

Outre les caractéristiques sociodémographiques, l'impact de la problématique sur les votants a joué un rôle. Près de 80 % des personnes qui doivent se restreindre financièrement en raison du niveau de leur loyer ont donné leur voix à l'initiative. De ce fait, les individus vivant seuls ont approuvé plus largement l'objet que ceux vivant dans un ménage de deux personnes ou plus. De même, les votants dont le dossier a été rejeté à plusieurs reprises lors de leur dernière recherche de logement ont été plus nombreux en proportion à glisser un oui dans l'urne. La durée d'occupation du logement actuel est un autre facteur : plus les votants ont emménagé récemment, plus ils ont soutenu l'initiative.

Les personnes qui ont voté oui le 9 février 2020 l'ont fait avant tout parce que l'initiative aurait eu selon elles pour effet d'accroître le nombre de logements abordables. Les opposants à l'initiative ont motivé leur décision par le fait que l'État n'a pas à intervenir sur le marché du logement. Cet argument a revêtu une importance bien plus grande pour les votants de Suisse alémanique que pour ceux de Suisse romande ou du Tessin. L'argument selon lequel une proportion de 10 % de logements d'utilité publique sur l'ensemble du territoire ne constitue pas une bonne solution a convaincu les opposants dans une même mesure.

Neuf citoyens sur dix sont d'avis que les prix à la location et à la vente sont, au moins en partie, trop élevés en Suisse. Dès lors, une majorité des citoyens voient dans l'encouragement de l'offre de logements à prix avantageux un moyen efficace de faire baisser les coûts du logement.

Les citoyens se prononcent majoritairement en faveur d'une politique du logement qui encourage les logements d'utilité publique : deux tiers d'entre eux, tous groupes sociodémographiques confondus, sont d'avis que se loger est un droit fondamental et qu'il ne faut donc pas laisser la seule logique du marché s'appliquer.

Indépendamment de l'initiative, les citoyens souscrivent à diverses mesures visant à encourager l'offre de logements à loyer modéré. Par exemple, ils soutiennent nettement l'octroi par les pouvoirs publics de prêts et de cautionnements à taux avantageux en faveur de coopératives et d'autres organismes proposant des logements d'utilité publique. Un nouveau crédit-cadre destiné aux prêts a été libéré le 9 février 2020 suite au rejet de l'initiative. Il est en outre prévu que le Conseil fédéral adresse au Parlement, après les vacances d'été, un message concernant un crédit-cadre destiné à financer des engagements conditionnels (cautionnements). L'objectif, tel qu'énoncé durant la campagne, est de poursuivre l'emploi de cet instrument.

L'institut de recherche sotomo a réalisé l'analyse des résultats de la votation sur mandat de l'OFL. En plus d'une enquête post-votation représentative, il a recherché à partir de données secondaires les caractéristiques communales contribuant à expliquer la proportion de oui.

Un résumé de l'analyse peut être téléchargé ci-dessous.