Voir et re­voir Ha­len

Editorial paru dans Tracés n°12/2015

Publikationsdatum
17-06-2015
Revision
10-11-2015

Notre dossier sur l’habitat intermédiaire, réalisé par Bruno Marchand et Frédéric Frank, associe une approche historique pertinente à un tour d’horizon instruit. Malgré leurs différences, les deux approches ont le même point de départ : l’ensemble Halen réalisé dans les années 1960 par Atelier 5 à la périphérie de Berne. Pourquoi cette réalisation est-elle encore un passage incontournable à toute tentative de comprendre le modèle de l’habitat individuel groupé en Suisse ? 

Halen est, sous tous les angles, une réussite. N’ayant rien perdu de sa fraîcheur d’origine, il a maintenu le précieux équilibre générationnel vanté par les urbanistes. Le secret de sa réussite ne réside pas seulement dans sa forme, mais aussi dans son organisation communautaire, celle d’une assemblée de propriétaires qui privilégient l’esprit de ruche à la logique immobilière.

Au final, l’intérêt de ce projet historique est de redéfinir la dichotomie toute classique entre collectif et individuel. Après Halen, les catégories évoluent. Il y a d’un côté l’habitat collectif ou individuel avec une dominante communautaire, et de l’autre l’habitat collectif ou individuel déterminé par une logique marchande. Halen fait parti de la première catégorie, la majorité de ce qui se construit aujourd’hui en Suisse relève de la deuxième. Peut-on espérer un jour voir ce modèle réussi devenir dominant ? 

Un ensemble réalisé récemment à Lausanne, dans le quartier Sous-Gare, par le bureau CCHE et commercialisé par un des géants de l’immobilier lémanique, montre qu’il n’est pas interdit d’espérer, et que le changement peut advenir là où on l’attend le moins. 

Ce n’est pas tant les trois immeubles compacts et denses, en bordure du M2, qui retiennent l’attention que l’ouverture accueillante de l’îlot qu’ils forment. Ce projet standard se démarque par l’axe de circulation piéton qu’il rend possible entre l’avenue Dapples et la rue Voltaire, ainsi que le jardin généreux auquel il donne accès. A ce jour, dans le petit parc doté d’arbres centenaires où il fait bon entendre les enfants jouer, aucune interdiction de passage, aucune restriction d’accès à l’aire de jeu n’avait été placardée. On pourrait nommer cette politesse « l’esprit de Halen ».