Editorial paru dans Tracés n°08/2012
La SIA se porte bien. Forte de ses 175 années d’expérience, elle poursuit sans répit sa triple mission: produire des normes, défendre les intérêts des professionnels et faire acte de médiation auprès des publics.
Protectrice de la culture du bâti suisse, la SIA jouit d’une crédibilité inégalée. Que peut-on lui souhaiter si ce n’est de poursuivre sa mission ? Pourquoi modifier un système qui garantit l’excellence constructive depuis bientôt deux siècles?
Lors d’une conférence donnée en 2009 à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, le graphiste Ruedi Baur livrait une piste de réflexion fertile. S’interrogeant sur le sens de la norme, il constatait qu’une société qui ne change pas n’en a pas nécessairement besoin. Seule l’évolution, le changement, exigent l’établissement de normes. L’existence même d’un processus normatif est l’indice d’une mutation.
Transposé dans le domaine de la construction, ce constat se confirme dans la déferlante écologique qui bouleverse le milieu depuis dix ans. Des nouvelles règles, de nouveaux standards, viennent balayer les usages en matière de construction.
Cette évolution est perceptible dans les discours autour du bâti. Les termes qui ont forgé la modernité fonctionnel, sain, utilitaire, modulaire sont en train d’être remplacés par d’autres qui traduisent une nouvelle sensibilité. Aujourd’hui les projets sont durables, équitables, économes, écologiques.
La SIA joue un rôle important dans cette mutation qui ne cesse de prendre de l’ampleur.Elle en est l’un des principaux acteurs, établissant des nouvelles règles et amenant par son travail régulateur le changement souhaité.
Au regard de cette évolution, la SIA apparaît pour ce qu’elle est : non pas le garant de l’ordre établi, mais le vecteur d’un changement. S’il n’est pas facile de faire mieux quand on fait déjà bien, il suffirait d’un changement de perspective pour créer une nouvelle dynamique. La SIA pourrait prendre acte, de manière plus résolue, de son rôle d’initiateur du renouveau. Elle serait alors à même de le produire et de le diriger et pas seulement de l’accompagner.
