Un vas­te et bel hé­ri­ta­ge

Éditorial de Tracés n°20/2015

Publikationsdatum
08-11-2015
Revision
09-11-2015
Jacques Perret
Ingénieur en génie civil EPFL, Dr ès sc. EPFL et correspondant pour TRACÉS.

Le numéro que vous tenez entre vos mains, sensiblement plus épais que d’ordinaire, est le résultat du choix effectué par la rédaction de TRACÉS pour commémorer son 140e anniversaire: vous offrir un aperçu subjectif de la richesse et de la variété de la documentation accumulée au fil des ans dans les domaines de l’ingénierie, de l’architecture ou de l’urbanisme. Chaque rédacteur a ainsi rédigé un texte sur un objet appartenant à la culture du bâti suisse qu’il trouve digne d’intérêt. Pour chaque sujet, nous proposons trois niveaux de lecture: l’article lui-même, des documents tirés de nos archives et des photographies prises cet été à notre invitation par le photographe Joël Tettamanti. Une façon de faire un lien entre le présent et le passé. Cependant, au-delà de la relative subjectivité évoquée dans le choix des sujets retenus, la visite de nos archives, imposée par notre démarche, est l’occasion de quelques constats plus objectifs autour de ce que signifie parler des professions d’ingénieur ou d’architecte.
Tout d’abord, les articles publiés dans le Bulletin technique de la Suisse romande n’appartiennent pas uniquement à l’histoire de la construction, mais ils offrent surtout des témoignages directs ou indirects du rôle prépondérant joué par la technique dans la mise en place de la société contemporaine. Et que, contrairement à ce que nous laisse supposer la routine de la parution régulière de la revue, toute contribution prend part à la constitution d’une sorte de palimpseste et ceux qui y écrivent aujourd’hui participent à l’édification d’un témoignage inconscient et perpétuel.
Ensuite, alors que la médiatisation de l’architecture ne cesse de s’accroître, notamment par la mise en place d’une sorte de star-system, il est intéressant d’observer que ce sont des ingénieurs qui sont à l’origine de la revue; que les articles qu’ils éditaient alors révélaient un engagement politique et sociétal ainsi qu’un esprit d’expérimentation dont cette corporation est bien plus avare aujourd’hui. Et qu’ils étaient alors des stars que l’on invitait à donner des conférences.
Finalement, l’élément le plus saisissant dans l’évolution des textes publiés dans le bulletin tient probablement à la perception du rôle que les bâtisseurs avaient à jouer autrefois. Alors que l’essentiel de nos préoccupations se focalise aujourd’hui sur la minimisation de l’impact des constructions sur notre environnement, nos prédécesseurs se voyaient avant tout comme des sortes de démiurges appelés à façonner cet environnement de façon à nous le rendre plus agréable. A la vue des innombrables infrastructures qu’ils nous ont laissées en héritage, il est indéniable qu’ils s’en sont montrés capables. Saurons-nous nous en montrer les dignes héritiers en relevant les défis qui nous attendent?

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