Trop de cha­let tue le cha­let

Publikationsdatum
04-01-2017
Revision
06-01-2017

Nulle image ne pourrait mieux résumer la complexité et les conséquences paradoxales auxquelles est confrontée la planification territoriale. Les «agglomérations» de chalets en bois recouvrant des versant montagneux, s’étalant à perte de vue, sont caractéristiques d’un développement qui n’a pas su anticiper les effets collatéraux de ce qu’il projetait. 
L’impératif de construire «petit» et «couleur locale» serait la principale cause d’un développement urbain qui sature le paysage. La modération constructive faite pour protéger l’image idyllique des villages et des hameaux franchit, à force d’être appliquée, le seuil qui annule ce pourquoi elle est initialement promulguée. Trop de chalets tue le chalet. 
Deux possibilités s’offrent alors: d’abord l’immobilisme, c’est-à-dire l’arrêt de la spirale exponentielle, et le maintien d’un statu quo. Dans ce cas de figure, la dynamique qui a initialement généré le problème est freinée, mais pas supprimée. On déguise des granges en chalet, on rénove tout ce qui peut l’être, on observe les prix grimper et on se frotte les mains d’avoir pu construire son chalet avant les autres.
L’autre solution, plus audacieuse, mais aussi plus difficile à adopter, est celle que soutient l’architecte chercheuse à l’EPFL Fiona Pià dans sa thèse récemment soutenue: il s’agit du changement de paradigme. Prendre acte du fait que les comportements collectifs ont changé, que l’économie globale de la montagne n’est plus celle du temps où Johanna Spyri faisait paraître son best seller mondial, que l’époque des villages autarciques est irrévocablement révolue et que nous devons construire de manière cohérente avec l’usage que nous faisons de la montagne.
Cet usage est aujourd’hui éminemment urbain, massif et démocratique. La nouvelle architecture des montagnes gagnerait elle aussi à assumer l’échelle qui est la sienne. Passer du déni et du camouflage érigé en sport national à une attitude ouverte assumant les défis de notre époque ne sera pas juste bénéfique aux environnements alpins.
Elle signalera aussi une nouvelle ère de créativité avec la possibilité pour les -architectes d’inventer les nouvelles formes d’occupation et d’habitat des massifs montagneux. 

Magazine

Verwandte Beiträge