SOU FU­JI­MO­TO. Ar­chi­tec­tu­re as Fo­rest

L’exposition Sou Fujimoto. Architecture as Forest. 102 maquettes, éveille la voûte céleste du pavillon Sicli à Genève jusqu’au 13 juin.

Lors de son inauguration le mois dernier, plus de 600 personnes ont honoré la conférence de l’architecte. Agé d’une quarantaine d’années, ce jeune prodige s’impose tout naturellement sur la scène internationale, où il incarne avec brio le rôle du célèbre héros de la nouvelle génération d’architectes nippons.

Publikationsdatum
08-05-2013
Revision
01-09-2015

Un projet réussi débute souvent par une belle rencontre. L’histoire commence en Allemagne, il y a de ça quelques années. Là-bas, Sou Fujimoto croise le chemin du directeur de la Kunsthalle de Bielefeld. C’est au détour d’une conversation complice entre ces deux passionnés que naît la volonté de réaliser une exposition autour des travaux personnels de l’architecte. Le projet ne tarde pas à se mettre en place. Au début de l’été 2012, il prend vie. Les salles et le jardin du musée germanique d’art moderne sont alors investis par une centaine de maquettes. Si le transfert en Suisse témoigne de son itinérance, cette exposition n’était initialement pas conçue pour vagabonder. Tombée sous le charme, la Maison de l’Architecture genevoise a pourtant tout fait pour se l’approprier – le temps d’un printemps.
L’affiche de l’exposition promet des maquettes, en grand nombre. 102 pour être précis. De quoi aguicher les férus de modèles miniatures. Aux portes du pavillon Sicli, le visiteur reçoit une feuille de route. Les indications lâchées sont simples : suivre les numéros 1,2,3…jusqu’à 92. Le titre serait-il mensonger? Qu’importe. Ce premier constat est rapidement oublié, car des maquettes, il y en a. A profusion. Sagement disposées sur des socles verticaux – dont la circonférence du pied n’excède pas celle d’une tige de nénuphar –, elles ponctuent l’espace tel des arbres disséminés dans une forêt. Architecture as Forest précise le titre. L’analogie est évidente.
De petits personnages d’un blanc éclatant inaugurent la promenade. Une manière subtile de souligner l’importance de la dimension humaine dans les réflexions de l’architecte, tout en opérant avec finesse le passage à l’échelle réduite. Une superposition de cubes – dont la transparence des parois laisse entrevoir l’artificialité des éléments végétaux qu’ils renferment –, avertit également le public non chevronné quant à l’intérêt prononcé de Sou Fujimoto pour Dame Nature. Suite à cette brève introduction, la place est cédée au premier thème de l’exposition. Comme dans chacun des six autres chapitres, une succession de maquettes propose un regard sur la thématique abordée. Rédigées par l’architecte, de courtes légendes – tantôt descriptives, tantôt narratives, parfois même philosophiques – invitent le lecteur à se questionner. L’architecture absolue est-elle une architecture sans toit? A méditer.
Si le positionnement des maquettes semble des plus ordonnés et l’itinéraire tout tracé, les méandres de la déambulation induits par la numérotation peuvent toutefois déstabiliser le visiteur. Il ne faut pas non plus compter sur la cohésion entre les différents éléments pour clarifier la lecture. Si confuse soit-elle, cette mise en scène faisant cohabiter indistinctement projets  réalisés, études et pures folies conceptuelles, n’est pourtant pas le fruit du hasard. Bien au contraire. Il a fallu beaucoup de précisions à Sou Fujimoto pour créer cette harmonie si parfaite entre ordre et chaos. N’est-elle pas la représentation toute singulière de son architecture? En effet, au-delà d’une simple sélection de travaux, cette exposition permet aux visiteurs d’expérimenter spatialement l’univers propre à l’architecte japonais.
Pour les plus réfractaires à l’envolée poétique, des croquis griffonnés par Fujimoto, diverses publications – notamment le célèbre petit manifeste Future Primitive paru en 2008 –, et des vidéos illustrant les projets construits concluent la promenade. Une manière de retrouver en douceur la réalité locale.

 

Sou Fujimoto. Architecture as Forest. 102 maquettes

 

A voir jusqu’au 13 juin. Pavillon Sicli, 45 route des Acacias, Carouge
www.ma-ge.ch

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