Ré­fle­xi­ons du pré­si­dent de la SIA au seuil de la nou­vel­le an­née

«Regards», «La Suisse 2050» ou encore «Netzwerk Digital»: en 2017, la SIA s’invitera une fois de plus dans le débat public en tant que vecteur et catalyseur d’une démarche responsable, durable et progressiste.

Publikationsdatum
04-01-2017
Revision
04-01-2017

Il y a tout juste deux mois, les Suisses rejetaient la sortie anticipée du nucléaire. Depuis, certains s’avancent à affirmer que le souverain a donc refusé catégoriquement de renoncer à l’énergie nucléaire – avis que je ne partage pas. Tout comme la conseillère fédérale Doris Leuthard, qui estime que la population est favorable à la sortie du nucléaire, mais de manière progressive et non précipitée. Pour ma part, je lui donne raison. 
La transformation durable de notre système énergétique doit être menée avec détermination, à commencer par la décarbonisation pour lutter contre le réchauffement climatique. Ensuite, il s’agit fondamentalement de se détourner d’une production d’énergie qui entraîne des émissions et comporte des risques impondérables. Cela justifie pleinement une sortie ordonnée du nucléaire, comme le prévoit la Stratégie énergétique 2050. 
La demande du marché constitue un moteur essentiel du développement des énergies renouvelables, aussi faut-il l’accroître. C’est là que nous entrons en jeu. En effet, le parc immobilier suisse consomme 49% des énergies fossiles et 14 % de l’électricité d’origine nucléaire. Il nous appartient, en notre qualité d’architectes et d’ingénieurs, de proposer des solutions convaincantes de chauffage zéro émission pour équiper les logements, encore majoritairement chauffés au fuel, au gaz, au charbon et au bois. En optimisant l’exploitation des bâtiments, nous pouvons également réaliser des économies considérables en termes de consommation électrique. Ces approches ne sont que quelques exemples illustrant le rôle essentiel d’effet de levier que nous avons à jouer, afin de réduire substantiellement notre dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire. 
Qu’il soit possible d’éviter les émissions nocives tout en apportant une plus-value sociale, économique et architecturale, voilà ce qu’ont une nouvelle fois clairement montré les projets en lice pour la distinction SIA «Umsicht – Regards – Sguardi 2017». J’attends avec d’autant plus d’impatience l’un des temps forts de cette nouvelle année, à savoir la cérémonie de remise des prix le 22 mars dans la nouvelle aile du Musée national suisse. «Regards» est à la fois un outil de sensibilisation et un appel à nous suivre sur la voie du développement durable du patrimoine bâti suisse : les réalisations distinguées constituent une source d’inspiration et de motivation en la matière. 
Autre engagement majeur de la SIA, le projet de recherche « La Suisse 2050 – territoires et ouvrages » sera jalonné d’exemples concrets comme autant de pistes à suivre. La SIA entend ainsi élaborer une stratégie globale d’aménagement du territoire. L’horizon fixé est volontairement celui de la Stratégie énergétique, car la rénovation énergétique et le réaménagement territorial sont étroitement liés. Outre une vision de la Suisse en 2050, ce projet important fournira également de précieuses informations pour la pratique professionnelle des membres de la SIA. Il définira aussi l’orientation future des normes et de l’offre de formation continue et de perfectionnement de la SIA. Dernier point, et non des moindres, «La Suisse 2050» réaffirme le caractère pionnier et innovant de la SIA lorsqu’il s’agit de créer un cadre de vie durable et de haute qualité pour la Suisse.
La numérisation sera le troisième enjeu auquel la SIA devra s’atteler cette année. Ou quand la science-fiction devient fait scientifique, selon les termes utilisés lors du Dîner SIA 2016 par le futurologue Gerd Leonhard à propos de cette nouvelle révolution en marche. Une mutation technologique dont on commence à peine à percevoir les implications concrètes, mais qui aura à coup sûr de profondes répercussions sur nos missions en tant qu’architectes et ingénieurs, et qui modifiera fondamentalement nos professions et notre rôle social. C’est un défi passionnant à relever, car nous sommes à un tournant de l’histoire dont nous pouvons contribuer à infléchir le cours. Notre implication – notamment au travers de «Netzwerk Digital» et des groupes professionnels de la SIA – permettra de développer des approches et possibilités inédites pour l’architecture et l’ingénierie tout en ouvrant des perspectives professionnelles intéressantes aux praticiens. Mais nous devons aussi mener un débat de fond sur les avantages et les limites de cette évolution, précisément parce qu’une partie croissante de la population s’inquiète pour l’avenir à mesure que la numérisation progresse. 
Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à tous ceux qui, durant l’année écoulée, ont une fois de plus apporté leur soutien à la SIA - que ce soit dans le cadre de «Regards», «La Suisse 2050» ou «Netzwerk Digital», dans l’élaboration de nos normes, ou au sein du comité, des groupes professionnels, des sections, des commissions et du bureau. Façonnons ensemble un avenir de qualité!

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