Ré­ac­tion du pré­si­dent de Pa­tri­moi­ne su­is­se à un ar­tic­le de Ste­fan Ca­do­sch :– Dé­fend­re en com­mun nos ob­jec­tifs

Plus que jamais, le Message culture 2016-2020 exige de nous tous qui nous engageons pour un environnement bâti de qualité que nous intervenions d’une voix forte et unie dans le discours politique.

Publikationsdatum
17-06-2015
Revision
31-08-2015

La SIA entend accroître son influence sur la scène politique fédérale, comme l’expliquait son président Stefan Cadosch dans son éditorial de début d’année (voir TRACÉS 1/2015). Patrimoine suisse se réjouit qu’en tant qu’association d’experts confirmés, la SIA se soit depuis quelque temps engagée dans cette voie.

Qui, sinon la SIA et sa fédération sœur la FSU, pourrait être plus efficace et crédible dans ce rôle : Un jalon important a été planté par la SIA dès 2010, lorsqu’elle a créé la « Table ronde Culture du bâti suisse ». Il s’agit aujourd’hui de concrétiser la collaboration entamée. Car la construction contemporaine est désormais vouée à s’exprimer avant tout au sein du tissu urbain existant ; or en maints endroits la Suisse n’est pas encore prête à cette mutation radicale vers une densification qualitative et durable. L’union des forces en faveur d’une meilleure qualité urbaine doit donc se montrer d’autant plus solide.

Encourager la culture du bâti

Patrimoine suisse souscrit entièrement et sans réserve au Manifeste adopté par la Table ronde, qui plaide pour une approche intégrative du patrimoine historique et du bâti contemporain. Sur cette base, la SIA s’est donné pour objectif de renforcer la création architecturale contemporaine sur le plan national. Grâce à un fort investissement, elle est parvenue à l’ancrer dans le prochain Message culture. Le Conseil fédéral a donc proposé aux Chambres un nouveau domaine d’encouragement doté d’un budget annuel d’un demi-million de francs. Dans sa prise de position sur ce Message culture 2016-2020, Patrimoine suisse a expressément salué ce nouveau thème d’action. 

Engagement résolu de Patrimoine suisse

Quiconque a suivi l’intense travail politique et les activités de relations publiques de Patrimoine suisse au cours de la dernière décennie connaît notre engagement résolu en faveur du développement qualitatif de notre héritage urbain et paysager. Pour décrocher le très estimé Prix Wakker, décerné par Patrimoine suisse, une commune doit avoir démontré de façon crédible qu’elle s’attache depuis des décennies à se renouveler et se développer judicieusement sur la base de son tissu existant. Il en va de même pour notre Prix Schulthess des jardins, qui a notamment distingué la ville d’Uster l’an dernier pour la manière dont elle s’est inspirée de ses racines industrielles afin de régénérer son identité paysagère et urbaine. 

Usage ciblé de moyens financiers limités

Le président de la SIA se trompe donc, quand il écrit dans TRACÉS (et TEC21) qu’il « faudra répondre adéquatement aux voix qui s’élèvent soudain avec Patrimoine suisse pour contester cette inclusion » (du bâti contemporain dans le Message). Cela est faux. 

Selon le projet du Conseil fédéral, la « Culture contemporaine du bâti » doit être soutenue à raison d’un demi-million de francs annuels. Le Conseil des Etats puis le Conseil national (au début du mois de juin) y ont tacitement souscrit en acceptant le crédit cadre correspondant. Comparé à d’autres mesures de sensibilisation financées par la Confédération, ce montant est plus que modeste. Or, pour obtenir un succès réel avec des moyens limités, il est nécessaire d’activer les ressources et les réseaux en place de manière ciblée.

Le Conseil fédéral propose d’une part d’accroître l’importance accordée à la qualité du bâti au sein de l’administration fédérale, en développant une stratégie interdépartementale en faveur de la culture du bâti. Il faut s’y rallier entièrement : nombre de lois et d’ordonnances – qu’il s’agisse d’agriculture, de construction routière, d’énergie ou même d’aménagement du territoire – sont édictées sans associer ceux qui ont compétence à se prononcer en matière de qualité du bâti. Le comblement de cette lacune pallierait bien des ratages.

La Confédération voudrait d’autre part affecter le reste du financement à une plus large diffusion des thématiques liées à la culture architecturale et bâtie. Cela est également souhaitable. Nous nous interrogeons cependant sur la stratégie envisagée ici. Plutôt que de s’appuyer sur les compétences existantes de l’Office fédéral de la culture et d’affecter de façon ciblée les modestes ressources allouées, il s’agirait selon le Conseil fédéral de s’ouvrir à de nouveaux partenaires. Pense-t-on qu’un tel esquif, bâti sur de frêles finances, soit vraiment de taille à régater contre les frégates et autres canonnières de groupes d’intérêts concurrents ?

Ensemble vers un cap commun

Je pousse la métaphore maritime plus loin. Un des navires amiraux de l’Office fédéral de la culture, soit la protection des monuments historiques, prend actuellement de la gîte. Le Message culture de la Confédération constate que 100 millions de francs annuels seraient nécessaires pour couvrir les engagements en cours. Mais le Conseil fédéral ne veut en fin de compte y allouer que 28,5 millions. Il prétend qu’un travail de communication plus important serait nécessaire pour légitimer l’accroissement des engagements en cours. Le navire amiral « Monuments historiques » est ainsi appauvri par une armada au service d’intérêts particuliers et immédiats. Dans ce contexte, ne serait-il pas plus sensé que l’Office fédéral de la culture intègre le nouveau pot alloué à la « Culture contemporaine du bâti » pour se concentrer sur les défis de la coexistence entre bâti historique et contemporain ? On pourrait ainsi montrer qu’une qualité de construction élevée est une valeur intemporelle et pérenne – et donc par définition durable. 

C’est en commun – tous les défenseurs de la culture du bâti – que nous devons explorer de nouvelles voies et solutions pour coordonner nos activités. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons nous faire entendre. Notre flotte n’est pas grande. En revanche nous savons de quoi nous parlons et pouvons intervenir ensemble de manière pointue. C’est pourquoi je souhaite que nous nous engagions de concert pour un environnement bâti axé sur la qualité de vie. La Suisse dépend des compétences de ses architectes et ingénieurs, paysagistes, aménagistes, spécialistes des monuments historiques et du patrimoine. Le Manifeste pour la Culture du bâti est une boussole autour de laquelle nous pouvons fédérer nos forces. Et cela implique une collaboration plus étendue que jusqu’ici, dans l’optique commune d’une Suisse qui offre une haute qualité de vie et se développe de manière optimale en tenant compte de ses racines.

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