Not­re-Da­me-des-Lan­des, une ma­no­eu­vre en cinq temps

L’Etat va-t-en-guerre

Publikationsdatum
12-04-2018
Revision
18-04-2018

1. Depuis des décennies, les barons bretons, toutes tendances confondues, ficellent mal un projet considéré comme stratégique pour attirer sur l’Ouest une partie du trafic aérien concentré à Paris. Jean-Marc Ayrault fait du mauvais travail, le dossier enlisé s’embourbe pour de bon sous la férule du faible Hollande.

2. En janvier 2018, Macron réussit une manoeuvre brillante, qui consiste à fermer le dossier moisi, à optimiser du coup la profitabilité future de «Paris Aéroport», dont la privatisation est déjà au programme. On indemnisera Vinci et lui refilant la prébende, débarrassée d’une fâcheuse concurrence. Le privé pourra user jusqu’à la corde et à son profit l’équipement public payé par l’impôt. Qu’importe, après nous le déluge, on pourra toujours, à l’instar de British Rail, renationaliser… avec l’argent du contribuable.

3. Sur le terrain, une partie des exploitants expropriés pour motif «d’utilité publique» a consigné ses indemnités et veut récupérer ses terres. Une partie des terres est disponible à la vente ou à l’attribution par l’Etat propriétaire.

4. Des zadistes, ou prétendus tels, ont occupé le terrain pendant près de 20 ans. Ils sont la cause de ce qu’il était devenu finalement politiquement plus profitable d’abandonner le projet, d’autant plus que cette manière ouvrait des opportunités inespérées hier. Parmi ces zadistes, des gens de toutes catégories, de l’octagénaire écologiste au punk à chien. Certains parmi eux sont porteurs de projets innovants, alternatifs, d’une vie à inventer et qui s’invente.

5. En France, l’Etat de droit est relatif et à géométrie variable. Il est hors d’état de tenir sa parole quand il transige dans le dossier Tapie et il est incapable de conduire une enquête sérieuse et charger comme il le faudrait un Julien Coupat. Mais il revendique son «droit» avec véhémence quand il s’agit de boucler une affaire où il veut rouler les mécaniques. 

Reste à se demander si ces malheureux arpents de bocage valent une opération de 25 escadrons de gendarmerie, soit à ce jour au bas mot 100 millions d’euros rien que pour le personnel. Sans compter les munitions fournies à grand prix et à profusion par l’ami Lagardère, ni le carburant, ni les équipements, ni les menus services (Facebook, Cambridge Analytica, le catering de Mc Donald, etc. etc.), soit sur la durée probablement un montant largement supérieur à 250 millions. En chiffres ronds, un million par zadiste…, plus qu’il n’en faut pour se l’acheter!

L’acharnement de l’exécutif s’éclaire si l’on considère qu’il faut intimider un bon coup les cheminots qui sont une entrave à la privatisation totale de la SNCF et au démantèlement du service public. Elle s’éclaire un peu plus si on a en tête l’énorme spéculation sur l’immobilier parisien. Il ne faudrait tout de même pas que les salauds de pauvres qui habitent au titre du logement social 15 % du plancher de logement parisien à un prix sans rapport avec le «marché», ne se rebiffent au moment où la frime olympique permet de gonfler la juteuse bulle et où le pouvoir a en tête de privatiser le parc de logement social.

Ca devient lumineux si on se souvient de ce que ce mauvais coucheur de Warren Buffet nomme la lutte des classes quand il se vante que lui et les siens l’ont gagnée.

Ca devient trivial si l’on observe de près ce que fait le banquier Macron. Il mène la lutte des classes pour finir de transférer la richesse sociale et publique de la France aux mains de ses clients, aux mains de ses mandants.

Quand l’idéologie et les éléments de langage ne suffisent pas à boucler la boucle et que cette lutte peut parfois se transformer en guerre des classes, eh bien il n’est ni inutile, ni impropre de donner l’impression qu’on est armé et déterminé pour la faire et la gagner.

Et tant pis si en face il faut insulter et criminaliser une malheureuse poignée de zadistes, chez qui le pathétique le dispute au pittoresque.

A dix contre un, Collomb et Macron s’en sont allés en guerre.

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