L'or bleu en per­te de ren­ta­bi­li­té

Editorial du 03/2017

Publikationsdatum
31-01-2017
Revision
03-02-2017

Une dizaine d’années de travaux et près de deux milliards de francs d’investissement: tel est le coût de la centrale de pompage-turbinage de Nant de Drance, qui entrera progressivement en service en 2018. Malheureusement, la baisse du prix de l’électricité remet aujourd’hui en question sa rentabilité économique. Il n’en demeure pas moins que le pompage--turbinage reste à ce jour la seule technique pour -stocker l’énergie électrique à grande échelle lorsqu’elle est produite de façon excédentaire. Les énergies renouvelables, comme l’éolien ou le photovoltaïque, ont en effet le désavantage d’être à la fois soumises aux variations immédiates, journalières et saisonnières de la météo et en décalage avec les fluctuations de la demande. A cet égard, le pompage-turbinage représente un outil intéressant pour réguler le réseau électrique. C’est pourquoi il est appelé à jouer un rôle important dans la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération. Cette stratégie, née de la volonté de sortir du nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima en mars 2011, vise à recourir massivement aux énergies renouvelables. 
Paradoxalement, c’est le subventionnement massif de ces dernières, en Allemagne notamment, qui a fait chuter le prix du KWh et menace le modèle économique du pompage-turbinage en raison d’une production excédentaire et trop bon marché. Au final, on se retrouve ainsi avec une infrastructure indispensable à moyen terme mais à la rentabilité incertaine à court terme.
Cette situation est d’autant plus dommageable qu’avec les deux autres grands projets de pompage-turbinage (Limmern, dans le canton de Glaris, et Hongrin-Léman, dans le canton de Vaud), la Suisse s’apprête à multiplier par 2,5 la puissance de ses installations de pompage-turbinage, de 1,4 GW à 3,6 GW.
A l’heure également où le souverain a rejeté une sortie rapide du nucléaire, que la Stratégie énergétique 2050 est combattue par référendum et que des acteurs du secteur énergétique souhaitent vendre une partie de leurs barrages, il va sans dire que la question de l’énergie mérite une réflexion stratégique à l’échelle européenne.

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