Les étu­di­ants de l’EPFL repen­sent les Al­pes

Gletsch !

Publikationsdatum
21-08-2014
Revision
10-11-2015

Un grand hôtel au charme passé, une église, un bâtiment où logeaient les employés travaillant sur la ligne de chemin de fer, une petite gare, quelques maisons, des ruines et des granges. Au fond de la vallée fendue par les premiers kilomètres du Rhône, le triste reste du glacier du même nom. Le croisement de deux routes sinueuses, l’une menant à Uri par le col de la Furka, l’autre à Interlaken par le col du Grimsel. Malgré cette impression d’une mort lente, il reste à Gletsch ce charme indescriptible et si attachant des stations de villégiature qui ont connu leur heure de gloire.
C’est ce petit hameau hôtelier, ce caravansérail, qu’ont choisi les professeur du Laboratoire de manufacture spatiale de l’EPFL (MANSLAB) Marco Bakker et Alexandre Blanc pour faire réfléchir leurs étudiants. Choix étonnant, mais judicieux, car le développement de ce village, situé au cœur des alpes, est un petit condensé de l’histoire alpine suisse. Lieu privilégié pour observer le glacier du Rhône à la Belle Epoque, il n’est aujourd’hui qu’un lieu de passage une fois les cols réouverts au printemps. C’est aussi en cela qu’il constitue un site privilégié de réflexion. Les problèmes que rencontrent bon nombre de stations de montagne sont ici exacerbés, notamment le changement climatique, qui oblige ces dernières à repenser et diversifier leur offre. 
Les étudiants en deuxième année de l’EPFL l’ont bien compris. Leurs 19 projets sont exposés dans une très belle grange proche de l’hôtel, dans une scénographie dépouillée et pertinente : autant de grands livres posés sur des chevalets et éclairés par un modèle de lampes dessiné par le MANSLAB. Une grande maquette du site, posée au centre de la pièce, complète le dispositif. Les vieux mûrs délavés et tachés, le bruit incessant des motos et des voitures dramatisent les thématiques abordées par les étudiants: le paysage, les éléments naturels (le bois et l’eau), la mobilité ou encore la fonction. 
D’une manière générale, les projets peuvent être répartis en trois groupes. Le premier est constitué de propositions qui renforcent le projet hôtelier, notamment par l’ajout de bains. Si l’idée est un peu convenue, certains projets impressionnent par leur architecture ou par leur présentation graphique. Les projets du deuxième groupe revisitent la fonction même du site: une très belle proposition de bassins piscicoles, une laverie géante, un centre culturel basé sur le théâtre, un cloître ou encore une prison de haute sécurité. Les projets du dernier groupe travaillent sur ce qui caractérise aujourd’hui le site: sa situation, à la croisée de deux cols très fréquentés par les véhicules motorisés. Certains tentent d’apaiser le site en construisant par exemple un viaduc de contournement, alors qu’un des projets, probablement le plus pertinent et provocant, s’en amuse et transforme Gletsch en aire de repos pour «amateurs de conduite». 
L’exposition se prolonge hors les murs, dans la plaine en direction du glacier, où des poutres travaillées symbolisent chacun des projets. Si les propositions sont inégales, l’exposition est une réussite. Elle modifie le regard que le visiteur portait sur Gletsch. En cela, elle constitue le premier projet implémenté des étudiants de l’EPFL

 

Exposition: Gletsch !


Jusqu’au 21 septembre
Anciennes étables, Gletsch
http://manslab.epfl.ch

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