L’ar­chi­tec­tu­re au fond de la cri­se

13e Biennale d'architecture de Venise

Les pavillons grec et espagnol

Publikationsdatum
15-10-2012
Revision
19-08-2015

Le pavillon grec est entièrement consacré à la situation dans la capitale du pays. Il s’agit d’un portrait joyeusement chaotique d’une ville confrontée à une crise sans précédent. Brassant librement des indices culturels, sociologiques, économiques et politiques, le projet parvient avec justesse à cerner le Geist de cette métropole balkanique de quatre millions d’habitants, devenue multiethnique par la force des choses. De quelle évolution sociale Athènes est-elle le symptôme ? Quel bilan peut-on dresser dans une situation d’attente et de tumulte social ? Si l’exposition parvient admirablement à raconter le brassage et les tensions qui forgent la ville actuelle, elle omet sciemment tout un versant des conséquences de la crise : l’arrêt total de toute activité constructive dans un pays qui en avait fait son principal moteur économique. Comment raconter le désastre de l’inactivité pour les professionnels du bâtiment ? Comment raconter les centaines de jeunes architectes et ingénieurs qui quittent le pays pour tenter leur chance ailleurs ?
En Espagne, où le chômage touche également plus d’un jeune sur deux (soit 52,9 % des moins de 25 ans, contre 55,4 % en Grèce), la situation n’est guère meilleure. Mais si les curateurs du pavillon grec ont choisi de ne pas parler de ce « gel » de la construction qui mine non seulement les jeunes diplômés, mais la quasi totalité des bureaux d’architecture (même les plus renommés doivent affronter aujourd’hui une réduction des effectifs d’au moins deux tiers), l’un des participants espagnols à cette 13e Biennale a trouvé une manière particulièrement cynique d’évoquer la crise. A l’Arsenal, l’architecte Luis Fernández-Galiano, professeur à l’Université polytechnique de Madrid et directeur de la revue Arquitectura Viva, a choisi de mobiliser plusieurs équipes d’étudiants en architecture qui, en survêtements et masqués de loups blancs, doivent présenter des maquettes de quelques projets espagnols triés sur le volet. Comme si le seul avenir possible, pour ces jeunes, était de transpirer sous l’uniforme tout en récitant à l’infini des descriptifs de projets de leurs propres professeurs.

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