Gué­ril­la gar­dening

Editorial paru dans Tracés n°08/2013

Publikationsdatum
30-04-2013
Revision
10-11-2015

Au-delà de l’effet médiatique des sommes annoncées (1,55 milliard de francs de dotation sur dix ans), on a finalement peu dit sur le soutien apporté par la Commission européenne au Human Brain Project de l’EPFL. Pourquoi de telles sommes et dans quel but ? 
Afin de pouvoir évaluer ce gigantesque chantier, nous avons souhaité comprendre en quoi consiste aujourd’hui la recherche en neurosciences cognitives. Madeleine Aktypi, théoricienne des médias qui collabore avec TRACÉS, s’est entretenue à ce sujet avec Olaf Blanke, qui dirige le Centre des neuroprothèses (CNP). Ce numéro poursuit ainsi l’ouverture initiée en décembre 2012 sur la question des nouvelles technologies.
Par ailleurs, nous consacrons plusieurs pages à l’événement qui en est venu à incarner la vitalité créative de toute une ville : la session 2014 de Lausanne Jardins intitulée Landing, s’annonce stimulante. La présentation des résultats du concours, en avril dernier à l’ancienne halle CFF, rend manifeste une évolution globale qui n’est pas sans importance quant au devenir des villes. 
Il s’agit d’une tendance qui se dessine, certes sous l’influence du thème (le jardin mobile), mais qui résume assez bien l’esprit de notre époque : la plupart des projets retenus se construisent dans une posture d’opposition à la normalité de la ville. Ils se pensent comme des ajouts, des brèches, des prothèses, des accidents, des excroissances. L’art des jardins, longtemps considéré comme ornemental, secondaire et intégré, serait en train de se développer comme une authentique pratique critique de l’expérience urbaine. Le jardin deviendrait ainsi le terrain où se révèlent des enjeux que l’architecture ne peut plus aborder à force de formatage et de subordination au conservatisme du marché immobilier. Véritables contrepoints végétaux, ces nouveaux jardins deviennent les fervents défenseurs d’une culture urbaine qui peine à s’enraciner en Suisse romande.
Le deuxième point important qui se dégage de cette exposition concerne le projet de Musée des Beaux-Arts et le sort de la halle CFF. L’organisation de la présentation dans un très beau bâtiment voué à la démolition nous force à nous reposer la question du bien-fondé de ce choix. Il n’est pas nécessaire d’être spécialiste des musées pour constater que la halle, telle qu’elle est aujourd’hui, constitue un excellent outil culturel. La qualité de ses espaces intérieurs en fait un lieu d’exposition et de production inégalé. L’expérience qu’en ont fait les Lausannois lors du vernissage était donc de nature à jeter un doute : pourquoi démolir et reconstruire quand on dispose d’un lieu comme celui-là ? Espérons seulement que la halle ne va pas se transformer en nouveau « paradis perdu » de l’histoire de la ville.

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