Ex­porta­ti­on de pre­sta­ti­ons d'étu­de: es­prit de cor­dée et exer­ci­ces d'é­qui­lib­re

Cinq exemples de prospection de marchés étrangers illustrent comment les architectes, les ingénieurs et les designers suisses peuvent marquer des points hors frontières en s’associant aux bons partenaires et en proposant des solutions intégrales.

Publikationsdatum
01-09-2016
Revision
01-09-2016

«Tout d’abord, je nous souhaite à tous bonne chance pour la suite!» C’est en ces termes que Jürg Grunder, membre SIA de Bangalore, a démarré sa présentation. Un «nous» qui désignait les chefs de projet qui, entre 2014 et 2015, ont piloté des interventions à l’étranger mobilisant les disciplines de la conception et du design, afin de sonder l’intérêt pour des savoir-faire typiquement helvétiques, d’acquérir de nouvelles connaissances sur l’accès aux marchés et de fédérer des petits et moyens bureaux suisses souhaitant travailler à l’international. Les cinq projets présentés avaient été lancés sous la houlette de l’ancienne plate-forme «ingenious switzerland», une initiative née dans le cadre du troisième paquet de mesures de stabilisation conjoncturelle de la Confédération. Depuis sa dissolution fin 2013, la SIA en assure la coordination et le suivi.

Outre un atelier qui a rassemblé de jeunes designers japonais et suisses et un séminaire consacré à la construction durable à Sâo Paulo, trois équipes de projet ont élaboré des propositions intégrales pour répondre à des problématiques réelles: celles-ci vont de la surélévation d’une maison à Varsovie avec une solution en bois, à un centre de compétences en architecture suisse et indienne à Bangalore, en passant par des concepts stratégiques pour la transformation urbaine d’anciennes zones minières dans la ville industrielle russe de Satka. Or, malgré la variété des thèmes traités, les trois équipes rapportent des expériences similaires, comme l’a montré la réunion finale des chefs de projet.

Solutions holistiques et efficience

Si l’architecture, le génie civil et le design suisses sont très prisés à l’étranger, les concepteurs helvétiques n’y font en principe pas fortune, car la qualité a son prix. La motivation pour des projets hors frontières doit donc venir d’ailleurs. Comme l’exprime Olin Bartlomé du groupe de travail High Tech Timber: «N’importe qui peut se lancer dans la concurrence sur les prix s’il le désire. Mais c’est dénué d’intérêt. Il est plus passionnant d’élaborer des réponses originales et globales, développées sur mesure, qui se distingueront par leur durabilité et leur efficience à moyen et long terme.» Ou, comme l’a relevé Hans-Christian Angele en relatant son intervention au Brésil: «Nous avons avant tout abordé notre mission dans la perspective de montrer aux acteurs locaux que la durabilité est aussi un moyen de gagner de l’argent!»

Reste qu’à l’inverse des caractéristiques d’un produit, la plus-value liée à une prestation de nature intellectuelle est difficile à mettre en évidence et à comparer. Pour l’exportation de prestations, les présentations isolées dans des salons internationaux n’apportent donc pas grand-chose. Le «proof of concept» est au mieux démontré par la confrontation à des questions d’actualité abordées de façon concrète. A cette fin, les équipes de projet se sont mises à la recherche d’études de cas.

Intégration ciblée des savoirs locaux

L’identification des opportunités et leur exploitation réussie impliquent d’abord un solide réseau (international et interdisciplinaire). Toutes les équipes ont donc consacré beaucoup de temps à renforcer et approfondir les contacts existants. Des cordées intelligemment composées permettent d’allier à bon escient les savoirs spécialisés locaux et les compétences culturelles et linguistiques. L’harmonisation des différences disciplinaires et culturelles est déjà un défi en soi, comme Jürg Grunder en a fait l’expérience: «Les Indiens démarrent immédiatement, les Suisses commencent par planifier.» De même, l’équilibrage entre leadership et participation relève souvent de la corde raide, selon Nicole Wirz, qui ajoute: «En définitive, c’est le réseau qui nous assure une stabilité.» Ainsi, malgré la crise ukrainienne et les sanctions occidentales contre la Russie, elle constate qu’aucun partenaire ne s’est désolidarisé du projet. Le fait que l’intervention jouissait du soutien de la « Suisse officielle » y a aussi grandement contribué.

Coordination des soutiens à améliorer

Tous les autres projets ont, sous une forme ou une autre, également bénéficié du réseau d’implantations extérieures de la Confédération (ambassades, consulats, centres d’affaires, relais Swissnex) et d’institutions proches (Pro Helvetia). Une meilleure synergie entre les acteurs et les initiatives suisses à l’étranger serait toutefois souhaitable, selon Patrick Reymond, que ses activités internationales comme designer amènent souvent à se mouvoir dans ce contexte. Cela étant, après l’épuisement des derniers moyens du programme fédéral de stabilisation fin 2015, des programmes de prospection similaires ne sont pour l’heure plus d’actualité, comme l’a expliqué Andreas Lodowicks, responsable auprès de Switzerland Global Enterprise S-GE, l’agence de la Confédération en charge de la promotion des exportations. Pour les cinq équipes de projet concernées, cela veut dire qu’elles doivent désormais compter sur leurs propres forces pour poursuivre le travail, afin de capitaliser sur les succès enregistrés.

www.sia.ch/fr/themes/international/projets

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