Editorial du 07/2016
Il y a un peu plus de trois millions d’années, la subduction de la plaque Pacifique sous celle des Caraïbes donne naissance à l’isthme de Panama : les Amériques du Nord et du Sud fusionnent alors en une seule et unique masse continentale, isolant de ce fait les océans Pacifique et Atlantique. S’ensuivent des bouleversements majeurs au niveau de la biodiversité, de la circulation océanique et du climat.
L’apparition de ce pont naturel lance le « Great american interchange », phénomène de dispersion, compétition et diversification de la faune et de la flore entre les deux continents américains. C’est ainsi à travers l’isthme de Panama que le lama, animal emblématique de la Cordillère des Andes, descend de son Amérique du Nord natale.
La fermeture du détroit interaméricain affecte profondément la circulation océanique : les masses d’eau mises en mouvement par les alizés, ne pouvant plus poursuivre leur trajectoire méridienne vers l’ouest, sont déviées vers le nord-est, donnant naissance au Gulf Stream, courant océanique tempérant les côtes européennes. Il se pourrait même que cet afflux d’humidité vers les hautes latitudes ait initié la formation de l’inlandsis groenlandais et mis en marche les grandes glaciations du Quaternaire.
Aujourd’hui encore, Panama rime à nouveau avec climat, car ce dernier fait peser une menace sur cette artère indispensable au trafic maritime : paradoxalement, le canal manque d’eau pour fonctionner. En effet, chaque transit de navire nécessite 200 000 m3 d’eau. En raison de la sécheresse provoquée par l’épisode El Niño en cours, les exploitants du canal ont annoncé le 21 mars dernier une réduction du tirant d’eau maximum autorisé.
Pour pallier ce problème récurrent, les ingénieurs ont développé un système de récupération d’eau pour les nouvelles écluses. Ces dernières nous sont présentées par Pierre Boskovitz, ancien rédacteur de la revue Ingénieurs et Architectes suisses – ancêtre de TRACÉS –, à l’issue d’une visite de ce chantier hors norme.
