Pla­ni­fier une meil­leu­re qua­li­té de vie pour la Su­is­se à l'ho­ri­zon 2050

Le projet d’avenir «La Suisse 2050»: grâce au projet interdisciplinaire SwissAIM, l’EPFZ et la SIA entendent élaborer conjointement des scénarios d’avenir pour le cadre de vie et le patrimoine bâti suisses afin d’améliorer la qualité de vie d’ici 2050

Publikationsdatum
08-06-2016
Revision
09-06-2016

La Suisse est une référence internationale en matière de qualité. Stabilité et innovation sont deux de ses priorités. Pour conserver à l’avenir cette suprématie, le pays doit se soumettre à des autocontrôles réguliers. La Suisse pourra ainsi garantir que les changements survenant dans la société et dans l’environnement bâti sont conciliables avec les valeurs nationales de qualité et de durabilité. Formuler une vision pour la Suisse 2050 implique de déployer un éventail de possibilités en partant de la structure actuelle et de ses caractéristiques spécifiques. C’est ce que propose SwissAIM, projet de collaboration de l’EPFZ et de la SIA axé sur les résultats–une plateforme logicielle qui permet de générer de possibles scénarios prospectifs et d’envisager leurs impacts pour la Suisse.

Depuis 2009, un groupe d’ingénieurs de l’Institut des techniques énergétiques (Laboratory for Energy Conversion, LEC) de l’EPFZ a investi quelque 50 années--personnes dans le développement de la base de données et du logiciel. Puis, en 2015, le LEC et l’Institut d’urbanisme (NSL/U-TT) ont lancé le projet interdisciplinaire SwissAIM en collaboration avec la SIA. L’outil de planification de SwissAIM utilise des mégadonnées, des logiciels ultra-perfectionnés avec visualisation et le traitement informatique à grande échelle. Il offre à l’utilisateur une possibilité unique de modélisation dynamique, simultanée et à haute résolution des structures urbaines, des sites naturels, du transport des personnes, des conditions météorologiques, de l’énergie, des ressources et des aspects socioéconomiques. Les personnes sont modélisées comme des « agents » individuels avec leurs besoins futurs par des fichiers de données qui « descendent » jusqu’au niveau de chaque bâtiment. Les activités horaires dans le pays par exemple – de la mobilité à la consommation d’énergie – sont ainsi simulées jusqu’à 30 ans à l’avance.

L’utilisateur peut adapter des éléments comme les futurs déplacements des personnes et la construction de nouveaux bâtiments, de rues, de tunnels, de digues ou de centrales énergétiques afin d’en évaluer les impacts sur l’économie et l’écologie de demain.

Pour tenir compte de l’influence des pays limitrophes, tout le continent européen a été modélisé. L’une des caractéristiques exceptionnelles de l’outil SwissAIM est sa capacité à fusionner connaissances, mégadonnées et analyses pour fournir ainsi aux concepteurs, urbanistes, architectes, paysagistes et ingénieurs des visions réalisables.

Avec ces outils, il est possible d’évaluer simultanément des scénarios pour toutes les régions de la Suisse, qu’elles aient un caractère urbain ou rural, tout en tenant compte des sites naturels et de l’infrastructure du patrimoine bâti. Pour la première fois, on a associé de manière ininterrompue et structurée des fichiers de données de sources très variées, notamment les offices fédéraux, pour créer une plateforme qui livre un éclairage nouveau. Des logiciels ultraperfectionnés sont également utilisés pour visualiser de nouveaux plans d’urbanisme et des concepts d’infrastructures. L’objectif ultime est de préserver et d’améliorer la qualité de vie de 2020 à 2050.

Etalement urbain versus intégration technologique

Dans la phase initiale, deux scénarios possibles ont été mis au point pour la région Olten-Aarau: «l’étalement urbain» (Urban Sprawl, URBS), un scénario lié à une consommation relativement élevée des espaces et à une augmentation des embouteillages, et «l’intégration technologique» (Technology Insertion, TINS), un scénario qui accorde la priorité au développement urbain vers l’intérieur, à une transformation fonctionnelle et à une amélioration des transports publics. Les divers modèles démographiques mobilisés prévoient d’ici à 2050 une croissance démographique de 10 millions d’individus pour la Suisse. Dans la région Olten-Aarau, la population augmenterait alors de 90 000 individus pour le scénario URBS et de 200 000 individus pour le scénario TINS. La Stratégie énergétique 2050 de la Suisse a été intégrée, tout comme l’abandon de l’énergie nucléaire et une amélioration de l’efficacité énergétique au sein du parc immobilier. L’électromobilité et les voitures automotrices ont également été prises en compte afin d’explorer opportunités et enjeux pour de futurs aménagements. Des concepts de planification proposant une amélioration des services locaux et un renforcement de la mobilité personnelle ont aussi été inclus. Les résultats montrent que 800 hectares de terres seraient nécessaires pour le scénario URBS, contre 54 hectares pour le scénario TINS pour un impact similaire sur le bruit et la qualité de l’air. Dans ce dernier scénario, les temps de déplacement entre le logement et le lieu de travail ont été considérablement réduits.

Dans la phase suivante de SwissAIM (phase de projet), les conclusions tirées pour la région Olten-Aarau seront élargies à toute la Suisse. Les évaluations des plans d’urbanisme, de la consommation de l’espace, des choix fiscaux et des décisions en matière de trafic seront analysées en collaboration avec une équipe de représentants de groupes d’intérêts locaux. De nouveaux concepts de planification pour un développement durable solide seront ensuite présentés. L’équipe actuelle de l’EPFZ évoluera en un groupe à vocation interdisciplinaire renforcée, dont les membres viennent de tout le pays. Une collaboration étroite avec la SIA et différents offices fédéraux sera établie afin de développer une vision d’avenir commune. Les résultats des «auditions» des partenaires locaux seront intégrés aux typologies spatiales afin de formuler un concept global pour toute la Suisse et de fournir aux groupes d’intérêts concernés un outil d’aide à la décision et à la planification. Pour SwissAIM, les restrictions traditionnelles inhérentes au processus de planification telles que des hiérarchies de critères ne sont pas un obstacle. Nous pouvons explorer des alternatives permettant une fusion continue des niveaux ascendant et descendant de la prise de décision. Les planifications et les analyses prises en charge par l’outil SwissAIM sont illustrées de manière convaincante par des représentations intuitives. Nous sommes ainsi en mesure d’intégrer des contenus numériques et analogiques à différents niveaux.

Outil innovant et méthodologie

Notre vision de la Suisse est celle d’un territoire urbanisé marqué d’un degré constant de densité urbaine. Notre compétence est de visualiser des modèles urbains alternatifs. Nous explorons en parallèle de nombreuses questions liées aux dichotomies existantes entre les régions alpines enclavées et les aires métropolitaines urbanisées. Nous pensons qu’à l’avenir, nous pourrons exploiter les données et notre imagination pour développer des visions idéales. Ce projet offre un outil innovant et une méthodologie aux apprentis, aux professionnels et aux décideurs politiques suisses. Dans ce cadre, notre capacité à nous représenter des combinaisons et des intégrations d’infrastructures pour un possible futur environnement bâti, mais aussi leur impact sur le paysage et l’environnement, est cruciale. Sans oublier la disponibilité des données et le débat démocratique direct, tout aussi indispensables pour le patrimoine bâti suisse.
 

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