Con­jon­c­tu­re: un op­ti­mis­me em­preint de pru­dence

Le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ entrevoit pour l’année à venir une nouvelle relance de l’économie mondiale et donc une hausse de la demande en biens et services suisses.

Publikationsdatum
01-12-2016
Revision
01-12-2016

Selon les dernières prévisions du KOF, le contexte général semble s’améliorer à vue d’œil pour l’économie suisse et la reprise sur le marché du travail devrait être perceptible en 2018. En revanche, aucune réelle éclaircie ne se profile dans le secteur de la consommation, malgré l’évolution positive attendue des revenus des ménages.

Construire certes, mais pour qui?

Le KOF estime que la propension à investir reste modérée dans le secteur privé en 2016 et s’attend à une stagnation de l’industrie de la construction malgré des conditions de financement avantageuses. Cet été, le Baublatt faisait état de la morosité des investissements dans le bâtiment. A une exception près: la construction de logements. D’après les experts du Crédit Suisse, les projets de nouveaux logements locatifs ne semblent pas connaître de limites et sont mis en chantier à tour de bras. Cela s’explique par la pression persistante exercée sur les placements et le fait que l’immobilier apparaît toujours plus attractif que la plupart des autres placements à long terme. L’évolution actuelle des demandes de permis de construire laisse présager une augmentation des autorisations délivrées. Dans le même temps, l’Office fédéral de la statistique (OFS) constate que le taux de logements vacants en Suisse ne cesse de progresser. Selon toute vraisemblance, certains segments et régions connaissent un surplus de constructions à défaut de placements alternatifs.

Le marché de l’immobilier n’est pas sans danger

Tandis que les instituts conjoncturels perçoivent dans l’ensemble des signaux positifs, les participants à un colloque organisé en octobre par l’Institut pour les prestations financières de la Haute école de Lucerne ont aussi discerné des aspects négatifs. Des experts des secteurs bancaire et immobilier se sont en effet montrés critiques à l’égard de l’état du marché hypothécaire suisse. La situation s’est certes largement détendue en ce qui concerne la construction résidentielle haut de gamme. Il s’agit à présent de garder en ligne de mire la demande toujours forte de logements en propriété de gamme moyenne. Aux yeux des experts, cette demande fait face à une offre bien trop chère. Il est vrai que les prix de l’immobilier se sont parfois envolés ces dix dernières années. Cette tendance à la hausse n’est toutefois pas jugée durable ; il est donc fort probable qu’une baisse s’amorce. Même si le scénario d’une correction douloureuse ne semble pour l’instant pas s’imposer, il importe de rester attentif aux évolutions du marché de l’immobilier.

Les bureaux d’études sont confiants dans l’avenir

D’après l’actuelle enquête trimestrielle du KOF, les perspectives positives qui se dégagent de ces prévisions automnales se reflètent également dans la branche des études pour la construction. La situation des affaires est jugée bonne et se maintient à un niveau élevé depuis l’été 2015. Pour la première fois depuis fin 2014, les bureaux sont à nouveau plus nombreux (12%) à anticiper une amélioration de leurs affaires au prochain semestre, plutôt qu’une détérioration (7%).

Les architectes se montrent optimistes

Au cours du dernier trimestre, les bureaux d’architectes ont enregistré une hausse de leur activité pour la première fois depuis plus de trois ans. L’évaluation actuelle de la demande, de la fourniture des prestations, des réserves de travail, des résultats et de la situation concurrentielle est encourageante.
Les carnets de commande se remplissent notamment grâce à la construction de logements et aux mandats publics. Pour le trimestre en cours, le montant des constructions publiques progresse et la tendance baissière de l’an passé est provisoirement enrayée. Les architectes estiment en revanche que les constructions industrielles et commerciales sont toujours en déclin.

Les ingénieurs font du sur place

La marche des affaires des ingénieurs, à l’inverse de celle des architectes, ne connaît pas d’amélioration et continue de stagner. La situation s’est toutefois considérablement améliorée en ce qui concerne les nouveaux mandats. Un quart des bureaux d’ingénieurs interrogés voit ses carnets de commandes se remplir, alors qu’ils n’étaient qu’un sixième il y a trois mois.
Dans l’ensemble, néanmoins, aucune progression du montant des constructions n’est anticipée. Les ingénieurs signalent aussi une évolution favorable dans le logement, mais également un recul dans la construction publique, à l’inverse de la tendance positive des trimestres précédents. Globalement, des éclaircies sont tout de même attendues pour le prochain semestre.

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