Ci­ne­ma­tic Rot­ter­dam : The Times and Ti­des of a Mo­dern Ci­ty

Dans ce livre, publié en 2011 par l’excellente maison d’édition néerlandaise 010 Publishers, c’est une véritable histoire du modernisme de Rotterdam que nous raconte Floris Paalman. Comme son titre l’indique « Cinematic Rotterdam : The Times and Tides of a Modern City », c’est par la production cinématographique que cette période est abordée.

Publikationsdatum
01-11-2012
Revision
19-08-2015

L’auteur s’inscrit dès l’introduction dans la lignée de Walter Benjamin et de Siegfried Kracauer qui furent les premiers à explorer l’évolution réciproque, l’interaction et surtout le rapport d’expression entre la société et le cinéma. Divisé en trois parties chronologiques, le livre décrit brillamment comment la production de films – à Rotterdam et sur Rotterdam – propage, véhicule et soutient l’identité d’une ville qui se positionne comme un exemple de modernité. Il souligne la manière dont les films ont participé aux processus sociaux de cette époque et, plus particulièrement, comment ils ont contribué au développement urbain de la ville. Floris Paalman révèle donc la dynamique entre les structures sociales et le cinéma. 

Dans la première partie du livre « The Emergence of a Cinematic City, Rotterdam in the 1920’s & 1930’s », l’auteur explore les mouvements d’avant-garde en architecture et en cinéma pour montrer leurs liens étroits avec la ville. Ainsi, la manière de filmer certains édifices dans plusieurs productions, comme par exemple la fabrique Van Nelle de l’agence d’architecture Brinkman & Van der Vlugt ou encore le grand magasin De Bijenkorf – détruit pendant le bombardement nazi de 1940 –, serait selon lui mise au service de l’émergence d’une modernité caractéristique de la ville néerlandaise. 

La seconde partie « The Cinematic Reconstruction of a City, Rotterdam in the 1940’s & 1950’s » se concentre évidemment sur la reconstruction de la ville qui a suivi le Rotterdam Blitz du 14 mai 1940. La série de productions cinématographiques, de documentaires et de films de commande, que Floris Paalman analyse et décortique, met en lumière la manière dont l’industrie du film a soutenu l’effort de reconstruction. Le port de Rotterdam devient alors sujet de nombreux films, symbolisant l’ouverture au monde d’une ville qui se profile alors comme un modèle de modernité.

La production cinématographique relevée dans l’ultime partie de ce livre « The Cinematic Proliferation of a City, Rotterdam in the 1960’s & 1970’s » décrit une ville qui se diversifie tant par sa spatialité que socialement, et dont le développement urbain s’organise autour de grands travaux d’infrastructures. C’est aussi à cette époque que les premiers soubresauts d’une critique du modernisme font leur apparition sur les grands et les petits écrans, notamment via un certain nombre de productions consacrées aux mouvements sociaux ouvriers dans le port. 

Le propos n’est certes pas novateur, mais l’apport central de cette recherche tient principalement au fait que l’auteur, à la suite du travail de Bert Hogenkamp, spécialiste du cinéma ouvrier et militant et responsable de la recherche aux archives audiovisuelles néerlandaises, élargit le champ d’étude aux films de commande et aux productions télévisuelles. L’intelligence avec laquelle le propos du livre est développé convainc le lecteur du rôle primordial de l’audiovisuel dans l’histoire de Rotterdam au 20e siècle.

 

Cinematic Rotterdam, the Times and Tides of a Modern City

 

Floris Paalman
010 Publishers, 2011, texte en anglais / € 39.50