Ca­vi­ar gé­o­ther­mi­que

Editorial du numéro 21/2018

Publikationsdatum
07-11-2018
Revision
19-11-2018

À proximité du portail Nord du tunnel de base du Lötschberg, une entreprise élève depuis près de dix ans des esturgeons de Sibérie pour la production de caviar made in Berner Oberland. Les bassins dans lesquels ils barbotent sont tempérés en exploitant la chaleur emmagasinée par les eaux qui circulent à l’intérieur du massif de l’Aar et que draine le long tube ferroviaire percé sous plusieurs centaines de mètres de roche.

La Terre produit de la chaleur, beaucoup de chaleur. A l’échelle humaine, un flux continu et exploitable par des moyens techniques relativement simples et peu onéreux (en comparaison d’une centrale nucléaire par exemple), à l’impact écologique plutôt faible (par rapport à l’extraction des sables bitumineux de l’Arctique américain). La géothermie est multi-facettes : de la sonde géothermique équipant la villa de Monsieur et Madame Tout-le-monde à la géothermie profonde et l’hydrofracturation, nombreux sont les moyens de tirer profit d’un potentiel géothermique, dont l’exploitation n’est toutefois pas exempte de tout risque, comme le rappellent les séismes provoqués tant à Bâle en 2006/2007 qu’à St-Gall en 2013.

Les deux technologies mentionnées plus haut nécessitent la réalisation d’infrastructures ad hoc pour aller puiser la chaleur du sous-sol. L’élevage d’esturgeons de Frutigen montre qu’il est possible de suivre une autre piste et de profiter de la construction d’infrastructures souterraines de tout type (tunnel, parking, fondation, etc.) et de s’en servir, plus ou moins passivement, comme échangeur de chaleur avec le sous-sol au prix d’un modeste surcoût. La présente édition de Tracés vous invite à la découverte de cette piste. A elle seule, elle ne permettra pas de réaliser l’indispensable virage énergétique, mais sa rationalité économique mériterait d’être davantage connue des maîtres d’ouvrage et encouragée par nos autorités.

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