Bel­gra­de ent­re for­ma­lis­me et ur­ba­nis­me in­for­mel

Etude sur l'interaction de deux modèles contradictoires

Publikationsdatum
14-05-2013
Revision
10-11-2015

«L’instabilité du formel et la persistancede l’informel.» Cet adage aux alluresde pirouette rhétorique est bel et bien l’axe autour duquel se déploie l’étude sur l’urbanisme de Belgrade par l’ETH Studio Basel – l’institut pour la ville contemporaine, fondé en 1999 par Roger Diener, Marcel Meili, Jacques Herzog et Pierre de Meuron.
Loin de toute fascination pour l’ailleurs et le lointain, Studio Basel poursuit sa réflexion aiguisée sur des questions qui concernent la pratique architecturale actuelle. Belgrade est justement un cas où l’antagonisme entre les concepts de ville formelle et informelle se télescopent et rendent possible une autre lecture.
L’étude se penche sur le sort de «la nouvelle Belgrade», sorte de Brasilia construite dans la seconde moitié du 20e siècle à la périphérie de la ville historique, et censée devenir le coeur administratif de la capitale yougoslave. Sauf qu’entre-temps, le pays dont cette ville devait devenir le centre a disparu. L’Etat s’est effondré et, pendant 20 ans, chacun a construit comme il le souhaitait et selon ses moyens. L’architecture informelle n’était pas réservée aux plus démunis, mais aussi aux plus riches, qui ont profité du vide législatif pour réaliser des villas cossues sans permis de construire. Entre le déclin de la ville-manifeste du modernisme et le dynamisme des quartiers résidentiels des dernières années se produit un basculement bouleversant. L’autoconstruction, en devenant la règle, a produit une forme urbaine invariable, plus conservatrice que libre. Inversement, le nouveau Belgrade, cette ville formelle et planifiée faite de grands ensembles, fait preuve aujourd’hui d’une réelle capacité à muter.
Au-delà de l’intérêt documentaire sur le sort de la construction architecturale yougoslave (réputée de qualité), la réflexion qu’esquisse l’ouvrage entre en parfait écho avec la situation actuelle en Suisse. Elle invite à repenser la typologie moderne non plus comme une formule immuable, mais comme une forme évolutive, c’est-à-dire capable de muter avec le temps. Bien plus qu’un ouvrage faisant preuve de «yougonostalgie», cette étude sur Belgrade est une incitation à mettre le formalisme moderne en mouvement.

 

Belgrade. Formal/Informal.

A Study on Urban Transformation
Textes : Roger Diener, Marcel Meili, Milica Topalovic, Christian Müller Inderbitzin
SCHEIDEGGER & SPIESS, 2012 / Fr. 69.-

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