MEP pour la trans­for­ma­ti­on du bâ­ti­ment sco­lai­re du Sacré-Cœur à Es­tavay­er-le-Lac

Dans le périmètre dit du Sacré-Cœur, deux équipes pluridisciplinaires se disputent la nouvelle hiérarchie spatiale de cet emblématique domaine

Publikationsdatum
27-02-2017
Revision
27-02-2017

Un fragment de patrimoine fribourgeois à revitaliser, un grand jardin arboré à régénérer, des promenades cyclo-pédestres à préserver et surtout une responsabilité d’adapter et d’élargir les besoins d’un périmètre historique en pleine transformation. Le secteur du bâtiment scolaire du Sacré-Cœur, construit en 1905 par les sœurs théodosiennes d'Ingenbohl, réunit sur une parcelle de 27000 m2 tous les ingrédients nécessaires pour une recomposition moderne d’une propriété historiquement vouée à l’éduction et aux besoins pédagogiques.

A l’issue du premier tour de jugement, deux stratégies contrastées se démarquent des propositions restantes. D’une part, le bureau delémontain Stähelin architectes se penche sur une solution compacte, en complétant avec un nouveau volume unitaire l’anatomie de cette construction classique. D’autre part, le bureau biennois Bart & Buchhofer architectes ne cherche aucune confrontation avec ce dernier et oriente majoritairement ses actions vers une nouvelle configuration des espaces environnants.

Si l’apparente simplicité typologique de la première solution favorise la régénération intérieure de l’ancien internat religieux à travers une nouvelle organisation fonctionnelle en anneau, cette nouvelle composition souffre à l'égard des espaces extérieurs d’un manque d’intelligibilité. Ainsi, les deux nouvelles cours intérieurs créées, s’isolent des parcours-promenades du parc et les zones de recréation, tout aussi importantes que les espaces d’enseignement, peinent à s’ancrer au site en orbitant librement autour du nouveau complexe scolaire. Cet assemblage absorbe la majorité des actions architecturales et paysagères en sollicitant et réaffirmant une certaine centralité de la nouvelle entité pédagogique. Une stratégie habituellement efficace mais qui aux yeux du jury, génère une oppression programmatique excessive sur la nouvelle structure scolaire.

Face à cette première interprétation, le projet du bureau Bart & Buchhofer, lauréat du MEP, aborde inversement la problématique en proposant la transformation du périmètre par la construction des espaces non bâtis. De ce fait, le futur établissement scolaire, désaxé du bâtiment historique et organisé symétriquement en forme de C, recompose la cour ouverte du bâtiment existant afin d’y abriter un grand espace partagé au cœur de la nouvelle entité écolière. Cette nouvelle configuration, plus dégagée mais aussi plus corpulente, octroie une structuration majeure des espaces extérieurs et accorde aux différents usagés une expérience paysagère plus intense. Une action qui assouplit les conflits entre les deux corps bâtis au bénéfice d’un renforcement des relations humaines.

Outre à offrir une souplesse programmatique plus grande et à proposer un cadre éducatif plus généreux, la stratégie du bureau bernois a pour vocation de reformuler une nouvelle appropriation spatiale de l’ensemble du secteur. Une caractéristique au service des écoliers, tout comme au service de la collectivité locale. Car si l’objectif du mandat d’étude portait tacitement sur la transformation du bâtiment scolaire, la régénération de ce secteur demandait implicitement un renouvellement des caractéristiques narratives de ce lieu: soit un territoire propice au développement de la mémoire collective Staviacoise.